Évangile de Jésus Christ selon saint Marc 7, 14-23
En ce temps-là,
appelant de nouveau la foule, Jésus lui disait :
« Écoutez-moi tous, et comprenez bien.
Rien de ce qui est extérieur à l’homme
et qui entre en lui
ne peut le rendre impur.
Mais ce qui sort de l’homme,
voilà ce qui rend l’homme impur. »
Quand il eut quitté la foule pour rentrer à la maison,
ses disciples l’interrogeaient sur cette parabole.
Alors il leur dit :
« Êtes-vous donc sans intelligence, vous aussi ?
Ne comprenez-vous pas
que tout ce qui entre dans l’homme, en venant du dehors,
ne peut pas le rendre impur,
parce que cela n’entre pas dans son cœur,
mais dans son ventre, pour être éliminé ? »
C’est ainsi que Jésus déclarait purs tous les aliments.
Il leur dit encore :
« Ce qui sort de l’homme,
c’est cela qui le rend impur.
Car c’est du dedans, du cœur de l’homme,
que sortent les pensées perverses :
inconduites, vols, meurtres,
adultères, cupidités, méchancetés,
fraude, débauche, envie,
diffamation, orgueil et démesure.
Tout ce mal vient du dedans,
et rend l’homme impur. » (AELF)
Méditation
Jésus enseigne qu’aucun aliment ne peut rendre l’homme impur. Quand Marc écrit son Évangile quarante ans plus tard, la question n’est pas encore résolue. Certains pensent qu’il faut imposer aux chrétiens nouveaux convertis les strictes coutumes des juifs.
Mais la vraie religion n’est pas liée à ces coutumes. L’Église doit être ouverte à tous, même s’ils sont différents. Le messager de l’Évangile est amené à découvrir la valeur de ceux qui n’ont pas nos coutumes. Nous n’avons pas à leur imposer notre mode de vie. La vraie conversion est ailleurs.
Le vrai problème se situe au niveau du cœur : « Car c’est du dedans, du cœur de l’homme, que sortent les pensées perverses : inconduites, vols, meurtres, adultères, cupidités, méchancetés… Tout ce mal vient du dedans, et rend l’homme impur. » Les racines qui conduisent au péché sont bien présentes au cœur ce chacun d’entre nous. Nous connaissons tous nos limites, nos imperfections. Mais le Seigneur ne nous abandonne pas. Lui seul peut purifier notre cœur.
Avec le baptême et la confirmation, l’Eucharistie est un des sacrements de l’initiation chrétienne. Elle permet aux croyants de se nourrir du Christ et de nourrir leur foi. Tous les croyants sont appelés chaque dimanche à participer à la célébration Eucharistique.
Quand on parle de l’Eucharistie, il faut « s’accrocher » car c’est un « sommet » de la foi catholique. Tout au long des siècles, l’Église n’a jamais cessé d’approfondir ce mystère, mais il nous dépassera toujours. L’essentiel ce n’est pas d’en faire une approche théorique et intellectuelle mais une approche amoureuse et vitale. Nous y découvrons à chaque messe combien le Christ est plein d’amour pour chacun de nous et pour le monde. Il est tellement passionné que nous lui manquons quand nous ne nous approchons pas de lui.
L’Eucharistie est un repas.
Les Évangiles nous montrent souvent Jésus à table avec ses amis. Nous savons que Matthieu et Zachée ont été totalement transformés en l’accueillant dans leur maison. Et puis, il y a eu le Jeudi Saint. Ce jour-là, Jésus a réuni les Douze pour le repas de la Pâque. Mais ce repas a pris un caractère particulier. C’est en effet ce jour-là que Jésus a institué l’Eucharistie. Il a distribué le pain et le vin en prononçant des paroles inattendues : « Prenez e mangez, ceci est mon Corps… Prenez et buvez, ceci est mon Sang, faites cela en mémoire de moi..
Nous aussi, nous sommes invités et attendus chaque dimanche par Jésus dans sa maison. Nous y sommes tous les bienvenus. Il s’agit d’un repas au cours duquel Jésus se donne en nourriture. Ce repas est une anticipation des noces éternelles avec l’humanité.
Une action de grâce.
Le mot Eucharistie désigne généralement l’ensemble de la messe. Mais au sens rigoureux du terme c’est seulement la deuxième partie, celle au cours de laquelle on dit la grande prière de louange. Ce mot vient du verbe grec « Euchaistein » qui signifie : « rendre grâce ». Lors de la multiplication des pains et surtout au cours du repas du jeudi Saint, il récite sur le pain la prière de louange et de bénédiction. Jésus récite remercie son Père pour le pain et le vin et nous nous associons à sa prière de louange et de bénédiction. Nous n’allons pas à la messe pour que cela nous apporte quelque chose. Le Seigneur n’a pas de comptes à nous rendre. C’est nous qui avons un devoir de reconnaissance envers lui. Et c’est pour cette raison que nous répondons à son appel le dimanche.
C’est important car toute la création est présente dans ce petit morceau de pain :
• L a terre : c’est le sol où le blé a été semé pour y mourir et donner du fruit
• Le feu évoque le soleil qui fait germer le blé. C’est aussi le feu pour cuire le pain
• L’eau : elle est nécessaire à la croissance. Elle est également mélangée à la farine pour faire cuire le pain
• Le blé : Le pain représente aussi tout le travail de l’homme, celui du semeur, du moissonneur, du meunier, du boulanger… Avec Jésus, nous remercions le Père pour son œuvre d’amour. A travers ce « merci », nous reconnaissons Jésus comme le seul Seigneur. Nous le laissons agir pour nous et en nous.
La Cène, anticipation de la mort de Jésus.
Le repas de la Cène est un repas d’adieu. Jésus sait que son disciple Judas va le trahir, qu’il sera arrêté et condamné à mourir sur une croix. Il sait que son corps sera ‘livré » et que son sang sera versé. Au soir du Jeudi Saint, Jésus dit oui à sa mort en l’anticipant. Il l’accepte au plus profond de lui-même et la transforme en acte d’amour : « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis. » (Jean 15. 13) Ceux qu’il appelle ses amis, ce ne sont pas seulement les Douze mais aussi tous les hommes pécheurs qu’il est venu sauver.
Le lieu où la mort et la résurrection du Seigneur sont rendues sacramentellement présentes.
L’Eucharistie n’est pas seulement la commémoration d’un événement passé : « Quand l’Église célèbre l’Eucharistie, mémorial de la mort et de la résurrection de son Seigneur, cet événement central du Salut est rendu réellement présent. » (Jean Paul II) A travers ce qui n’aurait pu n’être qu’une évocation, Dieu redonne vie présente à ce qui s’est passé jadis. Nous nous y trouvons tous impliqués. Ce passé agit en nous.
A chaque Eucharistie c’est comme si nous assistions « en direct au moment où Jésus fait le don de sa vie. Il n’y a qu’un sacrifice unique et définitif de Jésus. Quand nous sommes à la messe, c’est à ce sacrifice que nous assistons, à l’offrande de Jésus et à sa mort sur la croix. Nous assistons aussi à la victoire de l’amour sur la mort et nous en recevons les fruits.
Tout cela a eu lieu il y a plus de 2000 ans. Mais Dieu créateur est en dehors du temps. En venant dans le monde, Jésus a assumé notre humanité. Il s’est offert en sacrifice une seule fois. Mais l’amour qui l’y a conduit est éternellement présent. A chaque messe, il nous est manifesté. Il est rendu présent à nos yeux. A chaque messe, je peux dire : C’est aujourd’hui que cela se passe.
L’Eucharistie est présence réelle de Jésus.
Sous les apparences du pain et du vin consacrés, Jésus est réellement présent en son Corps et son sang. Lors de la Cène Jésus a dit sur ce qui était du pain et du vin : « Ceci est mon Corps… Ceci est mon sang. » Lorsque le prêtre prononce ces paroles sur le pain et le vin, c’est le Corps et le Sang du Seigneur qui sont présents sous les espèces du pain et du vin. Mais le but de l’Eucharistie n’est pas la transformation du pain et du vin mais la transformation et la conversion des cœurs et des communautés chrétiennes de façon à rendre le Christ présent dans le monde d’aujourd’hui.
Un défi pour notre foi.
Avec l’Eucharistie, nous sommes face à une réalité qui met notre foi à rude épreuve. Cela ne date pas d’aujourd’hui. Il en était ainsi au temps de Jésus. Dans son discours sur le Pain de vie, il proclame haut et fort : « Le pain que je donnerai, c’est ma chair pour la vie du monde. » Quand les gens ont entendu cela, ils l’ont pris pour un fou : « Comment cet homme-là peut-il nous donner sa chair à manger ? »
Jésus aurait pu chercher à sauver la situation en disant que c’est un malentendu, un langage symbolique. Mais c’est tout le contraire qui se passe ; il en rajoute : « En vérité, si vous ne mangez pas la chair du Fils de l’homme et si vous ne buvez pas son sang, vous n’aurez pas la vie en vous…. Ma chair est une vraie nourriture et mon sang une vraie boisson. » En entendant ces paroles, beaucoup ont préféré partir. Mais Pierre et ses amis ont choisi de rester parce que les paroles de Jésus étaient « les paroles de la Vie Éternelle.
Il en est de même pour nous aujourd’hui. Si nous voulons considérer l’Eucharistie avec nos seules mesures, nous ne pouvons qu’être scandalisés. Il nous arrive parfois d’entendre des personnes qui cherchent à atténuer les paroles de Jésus. En fait, quand nous allons communier, c’est tout son être, son humanité et sa divinité que nous accueillons en nous. Il ne suffit pas de comprendre ce mystère avec notre intelligence. Car ce n’est que par la foi qu’il se révèlera à nous. C’est d’ailleurs ce que le prêtre proclame à chaque messe : « Il est grand le mystère de la foi ! » Par la foi, nous nous laissons toucher et interpeller par Celui qui a voulu se rendre présent pour nous et qui nous a aimés jusqu’à livrer son corps et son sang pour nous.
Croire aux paroles de Jésus.
Quand nous sommes à l’Eucharistie, nous faisons confiance aux paroles de Jésus qui a dit : « Ceci est mon Corps livré pour vous. » Nous lui faisons confiance parce qu’il est « le chemin, la vérité et la vie. » Ce mystère dépasse notre raison mais il n’est pas absurde. La foi soutient et prolonge notre intelligence sans la nier.
Dieu a tellement aimé le monde qu’il lui a donné son Fils unique. Ce dernier a été « livré aux mains des hommes.
• A Noël, c’était le corps fragile d’un petit bébé livré aux soins de Marie et Joseph
• Au cours de la Passion le Vendredi Saint, c’est le corps blessé d’un condamné, livré à la cruauté des hommes pécheurs.
• Aujourd’hui, c’est dans l’hostie consacrée que Jésus continue à se livrer pour nous. Il se donne à nous comme notre serviteur et notre nourriture par amour pour nous et pour le monde. Il aime chacun d’un amour qui dépasse tout ce que nous pouvons imaginer. Il attend de nous que nous nous laissions bouleverser par lui, que nous lui rendions « amour pour amour. »
C’est de cela que nous avons à témoigner dans le monde : « Quand le prêtre proclamait à la fin : « Ite, missa est », il signifiait que le temps de la mission est là. Les chrétiens sont envoyés en mission pour témoigner de la Bonne Nouvelle du Salut offert à tous. C’est aussi un engagement à être reliés les uns aux autres dans une communion permanente et à être des signes gratuits de l’amour de Dieu pour les hommes de notre temps.
Témoignages :
• Françoise : « L’Eucharistie n’a jamais cessé de me rapprocher de Dieu… Elle est demeuré la nourriture essentielle à ma foi mais aussi la racine du don de moi-même à mon mari, mes enfants et maintenant petits enfants et aux autres. »
• Père Jean-Paul (Burkina Faso) : Comment puis-je dire : « Prenez et mangez » sans penser à la famine et à la malnutrition ? L’Eucharistie est inséparable de la vie des hommes. Quand je la célèbre, je communie au manque de pain, j’apprends à partager le pain. Le pain de Dieu partagé à la même table crée des liens entre les hommes, les noue entre eux dans la fraternité, la rencontre et la solidarité.
Sources :
• Initiation à la prière et à l’adoration de Anne Françoise Vater (Éditions de l’Emmanuel)
• 50 clés pour comprendre les sacrements (Pèlerin)
• Les mots des chrétiens (Presses de la Renaissance)
• Manuel de la foi (Association des catéchistes Allemands
les pharisiens et quelques scribes, venus de Jérusalem,
se réunissent auprès de Jésus,
et voient quelques-uns de ses disciples prendre leur repas
avec des mains impures, c’est-à-dire non lavées.
– Les pharisiens en effet, comme tous les Juifs,
se lavent toujours soigneusement les mains avant de manger,
par attachement à la tradition des anciens ;
et au retour du marché,
ils ne mangent pas avant de s’être aspergés d’eau,
et ils sont attachés encore par tradition
à beaucoup d’autres pratiques :
lavage de coupes, de carafes et de plats.
Alors les pharisiens et les scribes demandèrent à Jésus :
« Pourquoi tes disciples ne suivent-ils pas la tradition des anciens ?
Ils prennent leurs repas avec des mains impures. »
Jésus leur répondit :
« Isaïe a bien prophétisé à votre sujet, hypocrites,
ainsi qu’il est écrit :
Ce peuple m’honore des lèvres,
mais son cœur est loin de moi.
C’est en vain qu’ils me rendent un culte ;
les doctrines qu’ils enseignent ne sont que des préceptes humains.
Vous aussi, vous laissez de côté le commandement de Dieu,
pour vous attacher à la tradition des hommes. »
Il leur disait encore :
« Vous rejetez bel et bien le commandement de Dieu
pour établir votre tradition.
En effet, Moïse a dit :
Honore ton père et ta mère.
Et encore :
Celui qui maudit son père ou sa mère sera mis à mort.
Mais vous, vous dites :
Supposons qu’un homme déclare
à son père ou à sa mère :
“Les ressources qui m’auraient permis de t’aider
sont korbane, c’est-à-dire don réservé à Dieu”,
alors vous ne l’autorisez plus à faire quoi que ce soit
pour son père ou sa mère ;
vous annulez ainsi la parole de Dieu
par la tradition que vous transmettez.
Et vous faites beaucoup de choses du même genre. »
(AELF)
Méditation
Jésus reproche aux pharisiens de laisser de côté les commandements de Dieu pour s’attacher aux traditions des hommes. Aujourd’hui, il voudrait nous dire que le plus important n’est pas de se laver les mains mais de se laver le cœur. Jésus nous invite à faire la vérité dans tous nos actes religieux, nos pratiques religieuses, notre prière et tout ce qui est important pour nous.
Cet évangile nous invite à faire notre examen de conscience : il y a des paroles qui sonnent creux. Elles ne correspondent pas à des sentiments vrais. Nous n’aimons pas qu’on nous parle comme si on nous récitait une leçon. Pour Dieu c’est pareil. Il n’accepte pas de notre part des prières vides, vides de notre cœur. Nous ne pouvons atteindre Dieu qu’avec le cœur. Dans notre vie de relation de Dieu avec nous et de nous avec Dieu, tout se joue au niveau du cœur.
Vivre en chrétien, c’est vivre intensément cette alliance d’amour entre Dieu et nous. Il n’y a que cela qui compte. On comprend alors que Jésus soit déconcerté par les critiques des pharisiens qui lui reprochent de ne pas respecter les traditions religieuses. Si l’évangile nous rapporte cet événement, c’est pour attirer notre attention sur nous. Comme eux, nous avons facilement tendance à juger la religion des autres. L’intolérance n’a rien à voir avec l’Évangile.
En critiquant et en dénonçant, nous ne faisons qu’ajouter un peu plus d’amertume à ce monde. Notre bataille contre le mal doit commencer par le cœur. C’est dans le cœur que nous devons planter les bonnes herbes de la solidarité, de l’amitié, de la patience, de l’humilité, de la piété, de la miséricorde et du pardon. Le chemin vers cette plantation, c’est l’Évangile qui nous le trace. Il nous apprend à mettre tous les jours un peu plus d’amour dans notre vie.
Évangile de Jésus Christ selon saint Marc 6, 53-56
En ce temps-là,
après la traversée,
abordant à Génésareth
Jésus et ses disciples accostèrent.
Ils sortirent de la barque,
et aussitôt les gens reconnurent Jésus :
ils parcoururent toute la région,
et se mirent à apporter les malades sur des brancards
là où l’on apprenait que Jésus se trouvait.
Et dans tous les endroits où il se rendait,
dans les villages, les villes ou les campagnes,
on déposait les infirmes sur les places.
Ils le suppliaient de leur laisser toucher
ne serait-ce que la frange de son manteau.
Et tous ceux qui la touchèrent
étaient sauvés. (AELF)
Méditation
Les gens qui ont bénéficié des bienfaits de Jésus n’en restent pas là. Ils se sont mis à en parler dans toute la région. Alors, de partout on vient à lui. On lui apporte les malades et les infirmes. Et on le supplie de les laisser toucher la frange de son manteau. Et tous ceux qui la touchaient étaient sauvés.
Nous chrétiens d’aujourd’hui, nous avons bénéficié des bienfaits du Seigneur. Nous avons été accueillis par Celui qui a livré son Corps et versé son Sang pour nous et pour la multitude. Nous avons été nourris de sa Parole et de son Eucharistie. Les bienfaits du Seigneur pour nous dépassent tout ce que nous pouvons imaginer.
Tout cela, nous ne pouvons pas le garder pour nous. Cela nous est rappelé à la fin de la messe quand le prêtre nous dit : « Allez dans la Paix du Christ. » Cela signifie que nous sommes envoyés pour parler du Seigneur à tous ceux que nous rencontrerons. Aujourd’hui encore la bonne nouvelle doit être annoncée aux petits, aux pauvres, aux malades et à tous ceux qui ne comptent pas aux yeux du monde. Notre mission, c’est de témoigner, mais c’est Jésus qui agit dans le cœur de ceux et celles qu’il met sur notre route.
« Toi qui es Lumière, toi qui es l’Amour,
Mets en nos ténèbres ton Esprit d’Amour.
Nous pouvons lire l’encycliqueFratelli Tutti (63-68) et son appel à ne laisser personne « rester en marge de la vie »
Textes bibliques : Lire Pistes pour l’homélie Dans la 1ère lecture, nous trouvons une phrase qui ne manquera pas de choquer : “Maudit soit l’homme qui met sa confiance dans un mortel et qui s’appuie sur un être de chair.” Cette idée, nous la retrouvons dans l’évangile de ce jour : “Malheureux, vous les riches… Malheureux, vous qui êtes repus…” Dans les groupes bibliques qui prennent du temps pour réfléchir sur cet évangile, la question est souvent posée : Dieu peut-il maudire quelqu’un ? Non ce n’est pas possible. Dieu nous bénit sans cesse. Le problème c’est que bien souvent, nous faisons fausse route. Nous mettons notre sécurité dans les richesses, la réussite matérielle. Et c’est là que nous faisons notre propre malheur.
L’évangile nous présente quatre béatitudes suivies de quatre lamentations. Cela vaudrait la peine de les lire et de les relire tout au long de la semaine pour bien nous en imprégner. Nous le ferons en nous posant sous le regard de Dieu. Chacun peut se poser la question : Qu’est ce qui me rend “bien-heureux” dans ma vie ? Et qu’est ce qui me rend “mal-heureux” en m’orientant de façon contraire ? Le but de cet examen de conscience n’est pas d’abord de nous regarder nous-mêmes mais d’entrer dans un temps de prière. Nous serons invités à quitter celui qui nous conduit vers la perdition et à revenir vers le Seigneur qui ne cesse de nous appeler.
La première opposition entre bonheur et malheur concerne les pauvres. Non, il ne s’agit pas des SDF ni de ceux qui vivent dans la misère. Notre Dieu ne bénit pas la pauvreté. Bien au contraire, il en dénonce les causes et un jour nous aurons à rendre compte de nos responsabilités, de nos refus de partager. Il ne supporte pas que nous maintenions certains dans un état d’exclusion. Un jour, il nous a dit qu’il se reconnaît en chacun d’eux.
Alors quel est ce bonheur que Jésus proclame pour les pauvres ? Il s’adresse en fait à celui qui a un cœur de pauvre, celui qui n’a pas “le cœur fier ni le regard hautain” (psaume 131), celui qui se tourne vers Dieu pour combler tous ses manques. Bien que n’ayant aucun bien, il peut compter sur la gratuité de la grâce. Quant aux riches, ils croient tenir leur bonheur en possédant de grands biens. Mais le Royaume de Dieu ne se possède pas. Il est donné gratuitement, sans mérite de notre part. Alors oui, demandons à Dieu d’ouvrir notre cœur au vrai bonheur.
La deuxième opposition s’adresse aux affamés et aux repus : “Heureux vous qui avez faim maintenant, vous serez rassasiés… Malheureux vous qui êtes repus maintenant, vous aurez faim.” Comment parler du bonheur des trois milliards de personnes qui ne mangent pas à leur faim ? Encore une fois, ce n’est pas de cela que Jésus veut nous parler. Il s’adresse à ceux et celles qui ont faim du Royaume de Dieu. Le Seigneur ne demande qu’à nous combler. Mais il ne peut rien faire pour ceux qui ne pensent qu’aux nourritures terrestres. Ce renversement des valeurs a été chanté par Marie lors de sa visite chez sa cousine Élisabeth : Le Seigneur “comble de biens les affamés, renvoie les riches les mains vides”.
La troisième opposition concerne ceux qui pleurent et ceux qui rient. Ces situations de malheur, nous les connaissons bien : chacun pense à la mort d’un être cher, la souffrance physique ou morale, les actes de violence qui font des victimes innocentes. Et bien sûr, nous n’oublions pas ces gens ont tout perdu. Dans de nombreux pays, beaucoup vivent des situations épouvantables. Aujourd’hui, l’évangile nous interpelle : Ce ne sont pas ces épreuves qui rendent les gens heureux mais la présence du Christ au sein même de ce qu’ils vivent. Par contre ceux qui cherchent leur bonheur dans les seules joies de ce monde oublient le but de leur vie. Ils vont vers leur perte. Le Royaume de Dieu se reconnaît dans le passage de la mort à la vie. Rappelons-nous les apôtres au jour de la Pentecôte : Ils étaient remplis de joie. C’est aussi cette joie que le Seigneur veut nous donner pour qu’elle rayonne et se communique autour de nous.
La dernière opposition nous rappelle que ce bonheur promis se joue maintenant et pas seulement dans un au-delà. Quand saint Luc écrit son évangile, les chrétiens vivent des situations tragiques. Être reconnu disciple du Christ était dangereux. On risquait d’être poursuivi, emprisonné et mis à mort. Dans le monde d’aujourd’hui, cela arrive. Mais ce qui est le plus fréquent c’est de voir la foi et la parole de l’Église tournées en dérision. Il faut du courage pour affirmer notre foi et en témoigner. Les jeunes qui participent à des équipes d’aumôneries en savent quelque chose.
Le message de cet évangile rejoint celui de l’Apocalypse de Saint Jean : Vous vivez des situations douloureuses, vous êtes persécutés, tournés en dérision. Mais le mal n’aura pas le dernier mot ; il y aura un renversement de situation au bénéfice des croyants. Bien sûr, cela ne va pas gommer la dureté du temps présent. Le plus important c’est d’aider les croyants à tenir bon dans la fidélité et la persévérance. Être attaché au Christ n’est pas toujours facile mais tout l’évangile est là pour nous rappeler qu’il veut nous associer tous à sa victoire sur le péché et la mort.
“Nous te bénissons, Seigneur, car nous sommes heureux de nous retrouver autour de toi. Tu donnes sens à notre vie et tu nous apprends à aimer. Fais-nous découvrir combien le chemin que tu nous proposes peut nous combler de joie à la suite de Jésus, ton Fils et notre frère…”
Évangile de Jésus Christ selon saint Marc 6, 30-34
En ce temps-là,
les Apôtres se réunirent auprès de Jésus,
et lui annoncèrent tout ce qu’ils avaient fait et enseigné.
Il leur dit :
« Venez à l’écart dans un endroit désert,
et reposez-vous un peu. »
De fait, ceux qui arrivaient et ceux qui partaient étaient nombreux,
et l’on n’avait même pas le temps de manger.
Alors, ils partirent en barque
pour un endroit désert, à l’écart.
Les gens les virent s’éloigner,
et beaucoup comprirent leur intention.
Alors, à pied, de toutes les villes,
ils coururent là-bas
et arrivèrent avant eux.
En débarquant, Jésus vit une grande foule.
Il fut saisi de compassion envers eux,
parce qu’ils étaient comme des brebis sans berger.
Alors, il se mit à les enseigner longuement. (AELF)
Méditation
Dans l’Évangile, nous voyons Jésus qui vient d’associer ses apôtres à sa mission de pasteur. Il les a envoyés prêcher, chasser les démons, soulager les malades. Quand ils reviennent, ils lui rapportent tout ce qu’ils ont fait et enseigné. Jésus les entend. Il les invite à venir à l’écart pour un temps de repos. C’est dans le silence et la prière que lui-même se repose. Et de nos jours, nous voyons de plus en plus de gens qui cherchent cette forme de repos dans les monastères. Ce sont des lieux de ressourcement très appréciés.
Mais nous voyons que tout ne se passe pas comme prévu. Au lieu du silence et du désert, c’est une immense foule qui cherche à voir Jésus, à le toucher et à l’entendre. Le Christ voit ces foules, celles de son temps, et celles d’aujourd’hui. Il est saisi de pitié car elles sont comme des brebis sans berger. Alors, il prend lui-même le relai et se met à les enseigner longuement. Lui-même nous dit qu’il est venu pour « chercher et sauver ceux qui étaient perdus ».
Cet Évangile est d’une actualité brulante : nous vivons dans un monde blessé par les guerres, les violences, le désespoir. Beaucoup ont perdu leurs repères. Mais le Seigneur est là. Avec lui, il n’y a pas de situation désespérée. Il veut nous aider à retrouver un sens à notre vie. Il ne veut pas que nous soyons perdus, sans savoir où nous allons. Il vient nous apporter la lumière de sa présence, la chaleur de son amour. Avec lui, nous avançons vers toujours plus d’amour. N’oublions jamais, Jésus « berger de toute humanité » est amour. Il n’est qu’amour.
Cette bonne nouvelle doit être annoncée au monde entier. C’est notre mission et notre responsabilité. Nous sommes envoyés pour être porteurs de joie et d’espérance auprès de tous les blessés de ce monde.
L’évangile de Marc ne nous rapporte pas les paroles de Jésus ce jour-là. Mais nous le devinons : L’Évangile de Saint Jean nous rapporte son plus long sermon, celui sur le Pain de Vie. Seigneur, nous te prions : Que ton Eucharistie nous aide à changer notre regard sur toi, sur notre monde et sur nous-mêmes.
Évangile de Jésus Christ selon saint Marc 6, 14-29
En ce temps-là, comme le nom de Jésus devenait célèbre, le roi Hérode en entendit parler. On disait : « C’est Jean, celui qui baptisait : il est ressuscité d’entre les morts, et voilà pourquoi des miracles se réalisent par lui. » Certains disaient : « C’est le prophète Élie. » D’autres disaient encore : « C’est un prophète comme ceux de jadis. » Hérode entendait ces propos et disait : « Celui que j’ai fait décapiter, Jean, le voilà ressuscité ! » Car c’était lui, Hérode, qui avait donné l’ordre d’arrêter Jean et de l’enchaîner dans la prison, à cause d’Hérodiade, la femme de son frère Philippe, que lui-même avait prise pour épouse. En effet, Jean lui disait : « Tu n’as pas le droit de prendre la femme de ton frère. » Hérodiade en voulait donc à Jean, et elle cherchait à le faire mourir. Mais elle n’y arrivait pas parce que Hérode avait peur de Jean : il savait que c’était un homme juste et saint, et il le protégeait ; quand il l’avait entendu, il était très embarrassé ; cependant il l’écoutait avec plaisir. Or, une occasion favorable se présenta quand, le jour de son anniversaire, Hérode fit un dîner pour ses dignitaires, pour les chefs de l’armée et pour les notables de la Galilée. La fille d’Hérodiade fit son entrée et dansa. Elle plut à Hérode et à ses convives. Le roi dit à la jeune fille : « Demande-moi ce que tu veux, et je te le donnerai. » Et il lui fit ce serment : « Tout ce que tu me demanderas, je te le donnerai, même si c’est la moitié de mon royaume. » Elle sortit alors pour dire à sa mère : « Qu’est-ce que je vais demander ? » Hérodiade répondit : « La tête de Jean, celui qui baptise. » Aussitôt la jeune fille s’empressa de retourner auprès du roi, et lui fit cette demande : « Je veux que, tout de suite, tu me donnes sur un plat la tête de Jean le Baptiste. » Le roi fut vivement contrarié ; mais à cause du serment et des convives, il ne voulut pas lui opposer un refus. Aussitôt il envoya un garde avec l’ordre d’apporter la tête de Jean. Le garde s’en alla décapiter Jean dans la prison. Il apporta la tête sur un plat, la donna à la jeune fille, et la jeune fille la donna à sa mère.
Ayant appris cela, les disciples de Jean vinrent prendre son corps et le déposèrent dans un tombeau.
« Hérode entendit parler de Jésus car son nom devenait célèbre ». Son message se répand de ville en ville. On parle de lui un peu partout. Ça commence à faire de plus en plus de bruit. Alors, on se pose des questions : qui est cet homme. Certains pensent que c’est Jean Baptiste qui est ressuscité ; d’autres disent que c’est Élie ou un prophète comme les autres.
Et nous ? Que disons-nous de Jésus ? Qui est-il pour nous ? La question nous est posée aujourd’hui. Une réponse apprise par cœur ne suffit pas. La vraie question c’est : « Quelle place tient-il dans notre vie. Pour le connaître vraiment, il faut le rencontrer, le fréquenter, l’écouter. Ils sont nombreux ceux et celles qui peuvent dire : « Il a changé ma vie ».
Hérode a refusé d’entendre la parole prophétique de Jean Baptiste qui dénonce leur péché. Hérodiade profite d’une fête pour assouvir sa vengeance. Voilà une histoire qui se répètera de nombreuses fois tout au long des siècles. De nombreux martyrs préfèrent mourir plutôt que de renier leur foi. Celui qui croit en Dieu ne peut pas le renier. Notre vie doit être en accord avec notre foi. Sinon, ce serait un affront à tous les martyrs d’hier et à ceux d’aujourd’hui.
Mais il ne faut pas seulement voir dans cet Évangile une simple dénonciation du péché. Le martyre de Jean Baptiste préfigure celui de Jésus sur la croix. Par sa mort et sa résurrection, le Christ nous libère du péché et de la mort et nous entraîne vers une vie nouvelle. Son martyre, après celui de Jean, est l’événement de notre salut.
Comme Jean Baptiste, nous sommes tous envoyés pour dire au monde « qui est Jésus pour nous ». Que le Seigneur nous donne force et courage pour cette mission.
alors il commença à les envoyer en mission deux par deux.
Il leur donnait autorité sur les esprits impurs,
et il leur prescrivit de ne rien prendre pour la route,
mais seulement un bâton ;
pas de pain, pas de sac,
pas de pièces de monnaie dans leur ceinture.
« Mettez des sandales,
ne prenez pas de tunique de rechange. »
Il leur disait encore :
« Quand vous avez trouvé l’hospitalité dans une maison,
restez-y jusqu’à votre départ.
Si, dans une localité,
on refuse de vous accueillir et de vous écouter,
partez et secouez la poussière de vos pieds :
ce sera pour eux un témoignage. »
Ils partirent,
et proclamèrent qu’il fallait se convertir.
Ils expulsaient beaucoup de démons,
faisaient des onctions d’huile à de nombreux malades,
et les guérissaient. (AELF)
Méditation
Jésus envoie ses disciples deux par deux sur les routes du monde. Ils doivent partir avec un minimum d’équipement. Il est inutile de s’encombrer de choses secondaires. Le vrai missionnaire doit s’attacher à l’essentiel. Rien pour séduire, rien pour attirer, simplement aller à la rencontre des gens pour annoncer la bonne nouvelle, et surtout ne jamais oublier que le Seigneur se sert de ce qui est faible pour réaliser des merveilles.
L’envoi des Douze par Jésus n’est pas seulement l’envoi des apôtres. Le chiffre 12, nombre des apôtres choisis par Jésus, évoque les douze tribus d’Israël. C’est donc le peuple de Dieu tout entier. À travers les Douze, c’est toute l’Église que Jésus envoie en mission. Nous sommes tous concernés. Et pour comprendre ce que le Seigneur attend de nous, il nous faut revenir à l’Évangile : « Étant partis, ils prêchèrent qu’il fallait se convertir, et ils chassaient beaucoup de démons, faisaient des onctions d’huile sur les malades et les guérissaient » (Marc 6/12-13).
Prêcher qu’il faut se convertir, ce n’est pas seulement faire des sermons, c’est profiter de toutes les occasions pour annoncer l’Évangile. Cette annonce se fait d’abord par le témoignage d’une vie évangélique. Si notre vie n’est pas en accord avec ce que nous voulons annoncer, c’est un mensonge. Bien sûr, la Parole sera toujours nécessaire. Mais elle ne sera pas nécessairement la vocation de tous. Par contre, tous les chrétiens sont appelés à donner le témoignage d’une vie en accord avec l’Évangile. S’ils appellent à la conversion, ils doivent commencer par eux-mêmes. Tout cela se trouve résumé dans cette parole de Jésus : « Convertissez-vous et croyez à ‘Évangile » (Marc 1/5)
« Chasser les démons… » Nous pensons aux exorcistes qui ont reçu cette mission. Jésus est venu vaincre les puissances du mal. Mais il ne veut pas le faire sans nous. Il veut nous associer à son combat contre le mal. Il met en nous sa puissance d’Amour, sa puissance de sainteté. Il nous envoie pour lutter avec lui contre tout ce qui empêche l’homme d’être à l’image de Dieu.
Faire des onctions d’huile sur les malades pour les guérir… Nous pensons bien sûr à l’huile du sacrement des malades. Dans ce cas, c’est le prêtre qui est appelé. Mais nous ne devons pas oublier que cet appel à entourer les malades s’adresse à tous les baptisés. Il s’agit d’être là auprès de celui qui souffre, prendre le temps de l’écouter et de le réconforter. Si nous allons vers eux avec Jésus et Marie, nos visites deviennent des visitations. Tous ne sont pas guéris physiquement, mais quand on est rempli de l’amour qui est en Dieu, ça change tout.
En ce jour, Seigneur, tu veux nous ramener à l’essentiel. Libère nous de tout ce qui nous encombre. Que la force de ta parole et le souffle de ton Esprit nous rendent disponibles pour être les témoins et les messagers de ton message d’amour et de réconciliation.
En ce temps-là, Jésus se rendit dans son lieu d’origine, et ses disciples le suivirent. Le jour du sabbat, il se mit à enseigner dans la synagogue. De nombreux auditeurs, frappés d’étonnement, disaient : « D’où cela lui vient-il ? Quelle est cette sagesse qui lui a été donnée, et ces grands miracles qui se réalisent par ses mains ? N’est-il pas le charpentier, le fils de Marie, et le frère de Jacques, de José, de Jude et de Simon ? Ses sœurs ne sont-elles pas ici chez nous ? » Et ils étaient profondément choqués à son sujet. Jésus leur disait : « Un prophète n’est méprisé que dans son pays, sa parenté et sa maison. » Et là il ne pouvait accomplir aucun miracle ; il guérit seulement quelques malades en leur imposant les mains. Et il s’étonna de leur manque de foi. Alors Jésus parcourait les villages d’alentour en enseignant.
« Il est venu chez les siens et les siens ne l’ont pas reçu ». Nous n’avons pas à les juger. Nous aussi, nous sommes souvent rebelles quand on vient nous parler de la part de Dieu. Mais rien ni personne ne peut arrêter l’annonce de la bonne nouvelle. Devant ce refus, Jésus est parti vers les villages voisins. Les messagers de l’Évangile n’ont pas à être découragés si on refuse de les écouter et de les accueillir. Comme Jésus, ils doivent partir annoncer l’Évangile ailleurs car tous doivent l’entendre.
Le problème des auditeurs de Jésus, c’est qu’ils étaient enfermés dans leurs certitudes et leurs traditions. C’est souvent vrai pour nous aussi. Nous pensons savoir beaucoup de choses sur Dieu. Mais ce que nous pouvons en dire sera toujours insignifiant par rapport à ce qu’il est réellement. La foi n’est pas d’abord une affaire de connaissances et de savoir. Elle est surtout une affaire de questionnement spirituel : Qui est Jésus pour nous ? Voilà la question fondamentale que nous trouvons tout au long de l’Évangile de saint Marc. Et la réponse nous est donnée au pied de la croix par le centurion païen : « Vraiment cet homme était Fils de Dieu. »
Le Seigneur compte sur nous pour être les messagers de la bonne nouvelle. Nous pouvons penser à la merveilleuse réplique de sainte Bernadette de Lourdes : « Je ne suis pas chargée de vous faire croire mais de vous dire. »
Avant de nous lancer dans la mission, nous te prions Seigneur : envoie-nous ton Esprit Saint. Qu’il vienne nous rappeler ce que tu as dit. Qu’il nous apprenne à reconnaître que tu nous précèdes dans le cœur de ceux et celles que tu mets sur notre route. Seigneur, sois avec nous pour que nous soyons de vrais témoins de ton amour.
Évangile de Jésus Christ selon saint Marc 5, 21-43
En ce temps-là,
Jésus regagna en barque l’autre rive,
et une grande foule s’assembla autour de lui.
Il était au bord de la mer.
Arrive un des chefs de synagogue, nommé Jaïre.
Voyant Jésus, il tombe à ses pieds
et le supplie instamment :
« Ma fille, encore si jeune, est à la dernière extrémité.
Viens lui imposer les mains
pour qu’elle soit sauvée et qu’elle vive. »
Jésus partit avec lui,
et la foule qui le suivait
était si nombreuse qu’elle l’écrasait.
Or, une femme, qui avait des pertes de sang depuis douze ans…
– elle avait beaucoup souffert
du traitement de nombreux médecins,
et elle avait dépensé tous ses biens
sans avoir la moindre amélioration ;
au contraire, son état avait plutôt empiré –…
cette femme donc, ayant appris ce qu’on disait de Jésus,
vint par derrière dans la foule et toucha son vêtement.
Elle se disait en effet :
« Si je parviens à toucher seulement son vêtement,
je serai sauvée. »
À l’instant, l’hémorragie s’arrêta,
et elle ressentit dans son corps qu’elle était guérie de son mal.
Aussitôt Jésus se rendit compte qu’une force était sortie de lui.
Il se retourna dans la foule, et il demandait :
« Qui a touché mes vêtements ? »
Ses disciples lui répondirent :
« Tu vois bien la foule qui t’écrase,
et tu demandes : “Qui m’a touché ?” »
Mais lui regardait tout autour
pour voir celle qui avait fait cela.
Alors la femme, saisie de crainte et toute tremblante,
sachant ce qui lui était arrivé,
vint se jeter à ses pieds et lui dit toute la vérité.
Jésus lui dit alors :
« Ma fille, ta foi t’a sauvée.
Va en paix et sois guérie de ton mal. »
Comme il parlait encore,
des gens arrivent de la maison de Jaïre, le chef de synagogue,
pour dire à celui-ci :
« Ta fille vient de mourir.
À quoi bon déranger encore le Maître ? »
Jésus, surprenant ces mots,
dit au chef de synagogue :
« Ne crains pas, crois seulement. »
Il ne laissa personne l’accompagner,
sauf Pierre, Jacques, et Jean, le frère de Jacques.
Ils arrivent à la maison du chef de synagogue.
Jésus voit l’agitation,
et des gens qui pleurent et poussent de grands cris.
Il entre et leur dit :
« Pourquoi cette agitation et ces pleurs ?
L’enfant n’est pas morte : elle dort. »
Mais on se moquait de lui.
Alors il met tout le monde dehors,
prend avec lui le père et la mère de l’enfant,
et ceux qui étaient avec lui ;
puis il pénètre là où reposait l’enfant.
Il saisit la main de l’enfant, et lui dit :
« Talitha koum »,
ce qui signifie :
« Jeune fille, je te le dis, lève-toi ! »
Aussitôt la jeune fille se leva et se mit à marcher
– elle avait en effet douze ans.
Ils furent frappés d’une grande stupeur.
Et Jésus leur ordonna fermement
de ne le faire savoir à personne ;
puis il leur dit de la faire manger.
Méditation
« Viens lui imposer les mains pour qu’elle soit sauvée et qu’elle vive. » Jésus se met donc en route. Mais voilà que dans cette atmosphère bruyante, une femme atteinte d’hémorragies, s’approche de lui pour être guérie. Jésus ne lui dit pas : « Tu es guérie » mais « tu es sauvée ». Elle pourra donc être réintégrée dans sa communauté et y retrouver toute sa place. Le Christ se présente à nous comme celui qui sauve et qui relève.
Puis c’est l’arrivée chez Jaïre. On lui annonce que sa fille vient de mourir et que ça ne sert plus à rien de déranger le Maître. Mais Jésus l’invite à un acte de foi. Cette fille dort et il va la réveiller et la relever. C’est comme quand on relève quelqu’un qui s’est couché. Jésus entre dans la maison. Il fait sortir tout le monde. Il ne garde que le père et la mère de l’enfant et quelques disciples. Il ne fait pas sur la jeune fille un geste de guérison. Il lui saisit la main et le dit : « Lève-toi« . Dans le langage du Nouveau Testament, le verbe « se lever » est synonyme de ressusciter.
Le grand désir du Seigneur, c’est que nous soyons réveillés de notre médiocrité, notre égoïsme et de notre désespérance. Il veut nous associer tous à sa mission. En nous nourrissant de sa Parole et de son Corps, il veut nous donner le dynamisme qui transforme les « sauvés » en « sauveurs ». Avec lui, nous pourrons entraîner les malades vers la Source de Vie. Et comme lui, nous tendrons les mains vers les endormis pour les aider à se lever et à marcher. Ils pourront ainsi aller à la rencontre de Celui qui est la vie et la résurrection.
Nous faisons nôtres ce chant de John Littleton :
« Allez-vous en sur les places et sur les parvis !