Unité des chrétiens

La Parole de Dieu, en ce jour, nous offre plusieurs pistes en lien avec la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens.D’abord un bref rappel de cette semaine. Si chaque année nous prions pour l’unité des chrétiens, c’est que cette unité est plus ou moins brisée. Quand on parle des chrétiens, ce n’est pas seulement les catholiques mais aussi des protestants et des orthodoxes.

Nous connaissons les divergences qui existent entre ces diverses confessions : Il y a ceux qui reconnaissent l’autorité du pape et ceux qui ne la reconnaissent pas. D’autres interprètent différemment la dévotion à Marie. Il y a aussi une application différente du sacerdoce ministériel. Il me semble que ce qui est important, ce n’est pas d’insister sur les différences mais de découvrir ce qui nous unit. À ce sujet, il y a un point qui est absolument primordial : Le grand facteur de l’unité, le grand rassembleur, c’est le Christ. Sur le plan de la doctrine, tout le monde s’entend pour voir en lui le Messie, le Sauveur, la lumière des nations. Ce n’est pas peu dire.

Remarquons qu’au temps de saint Paul, les communautés chrétiennes se chamaillaient déjà et risquaient de se diviser autour de tel ou tel prédicateur. L’apôtre aura tôt fait de briser ces factions en réaffirmant vigoureusement que le Christ ne peut être divisé et que c’est lui qui est le plus grand facteur d’unité des communautés.

Ce n’est pas en attaquant de front les points de division qu’on règle les problèmes d’unité de groupes ; c’est d’abord en regardant ce qui peut nous unir, en prenant le temps de nous asseoir et de dialoguer. Pour les chrétiens de toutes couleurs et de toutes dimensions, c’est le Christ qui est le point de ralliement et le principal facteur d’unité.

Pour favoriser l’unité, il vaut mieux insister sur la lumière qui nous éclaire que sur les ténèbres qui nous assombrissent ; mais notre nature a toujours tendance à regarder les défauts avant de regarder les qualités, à pointer sur le négatif plutôt que sur le positif. C’est dans cet esprit que nous entendons la parole de Jésus : « Convertissez-vous car le Royaume de Dieu est tout proche ».

Se convertir, c’est avant tout se tourner vers le Seigneur plutôt que de se retourner soi-même en voulant corriger ses défauts ou ses manques. Pensons au tournesol : ce qui le rend beau, c’est qu’il se tourne constamment vers le soleil ; il ne se retourne pas sur lui-même pour voir s’il est sale ou infirme ni pour voir ce qu’il doit nettoyer ou réparer. Tout cela pour nous dire que la principale source de notre retournement c’est Dieu et non pas nous. Si nous voulons avancer vers l’unité entre chrétiens, c’est vers le Christ que nous devons nous tourner.

Cet apprentissage de l’unité est un travail de longue haleine. Nous devons accepter que tout ne soit pas parfait dans nos vies, dans nos communautés, dans nos Églises, dans nos pays et sur la planète. La conversion n’est pas l’affaire d’un moment ou d’une seule fois : elle est perpétuelle. C’est un cheminement de tous les jours à la suite de Jésus qui ne cesse de nous appeler.

En conclusion, je voudrais insister sur trois points :
• L’unité ne se fait pas d’abord en cherchant à régler nos différences, à briser nos divisions, à éliminer toutes nos imperfections, à chasser les ténèbres. Bien sûr, tout cela doit faire l’objet de nos préoccupations et de nos efforts ; mais le plus important est ailleurs.
• L’unité doit se faire en considérant ce qui nous unit, ce qu’il y a de commun entre nous, ce qui est lumière en nous. Et le plus grand dénominateur commun entre nous, c’est le Christ lui-même
• Il faut aussi rappeler le rôle de l’Esprit que le Père et le Fils donnent constamment aux Églises. Lui seul peut nous donner la force et la lumière nécessaire pour faire de nous des bâtisseurs d’unité.

En communion les uns avec tous les autres et avec tous ceux qui se réclament de Jésus Christ, tournons-nous ensemble vers celui qui est pour nous le Chemin, la Vérité et la Vie, celui qui seul peut nous conduire vers le Père.

Le temps ordinaire

Vous rappelez-vous de l’époque où les voitures roulaient à l’essence ordinaire ou au super ? Un jour, au moment de faire le plein, j’ai lu une petite affichette qui indiquait : « Chez nous, l’ordinaire sort de l’ordinaire ». C’était une manière de souligner la haute qualité du produit en question. Qu’en est-il de notre vie chrétienne ?

Après le temps des fêtes, nous voici entrés dans cette période liturgique dite du « temps ordinaire ». Nous venons de célébrer Noël, le 1er janvier, l’Épiphanie, le baptême du Seigneur… Nous avons vu comment le Christ a été manifesté aux bergers, aux mages, aux pécheurs. Nous avons mieux compris que le venue du Sauveur est pour tous, les pauvres, les étrangers, les exclus de tous les temps. C’est à tous que la bonne nouvelle de l’évangile doit être annoncée.

Tout au long de cette période du temps ordinaire, nous serons invités à marcher en « conduite accompagnée » à la suite du Christ. Quelle que soit notre situation, nous pouvons toujours compter sur lui. Son amour nous est acquit d’une manière définitive. Il est le Chemin, la Vérité et la Vie. Personne ne va au Père sans passer par lui.

Au plan liturgique nous serons amenés nous vivrons des temps forts qui « sortiront de l’ordinaire. » Nous pensons bien sûr à toutes les solennités, les fêtes de Marie, celles des grands saints, mais aussi les « dimanches autrement » ; certains feront peut-être une retraite, un pèlerinage. Nous avons tous besoin de ces temps forts pour nous remettre sur le chemin du Christ.

C’est tous les jours de notre vie que nous avons à redire : « O Seigneur, je viens vers toi… Je te cherche mon Dieu… » Et sur cette longue route, Marie est toujours là. Elle nous redit inlassablement : « Faites tout ce qu’il vous dira ». Elle nous renvoie à une mise en pratique quotidienne des commandements de Jésus. Notre témoignage ne sera vraiment crédible que si nous mettons toute notre vie en conformité avec l’Évangile du Christ. Avec lui « l’ordinaire sortira de l’ordinaire. » 

La légende du quatrième Roi Mage

La nuit était froide et le ciel d’Orient éclatait en myriades d’étoiles plus belles les unes que les autres. Balthazar, Gaspard et Melchior étaient sortis sur la terrasse de leur palais, et ils ne se lassaient pas de contempler le firmament.

Cette nuit-là, les Rois Mages savaient qu’un astre nouveau devait apparaître, différents de tous les autres… Un signe céleste, qui annoncerait la naissance du Sauveur promis à tous les hommes.

Or, voici qu’il apparut sous leurs yeux, sortant de l’infinie profondeur des cieux. Il ressemblait à une flamme immense d’où jaillissaient des milliers de lumières de toutes les couleurs. Les Mages restaient là, émerveillés, n’osant parler en présence du signe de Dieu.

C’est alors que le jeune frère de Balthazar, Artaban, les rejoignit et rompit le silence :
– C’est le signe annoncé, c’est la promesse qui se réalise. Vite, il faut partir !

Balthazar, Gaspard et Melchior se préparèrent en toute hâte et, bientôt, une magnifique caravane de chameaux, de dromadaires et de chevaux prit le chemin des montagnes et du désert d’Arabie.

Les Rois Mages ne quittaient pas des yeux le signe qui les précédait et leur indiquait la route à suivre.

Chacun d’eux avait emporté pour le nouveau-né des cadeaux dignes d’un roi : Balthazar portait un coffret d’or fin, Gaspard un précieux vase d’encens et Melchior un riche flacon de myrrhe.

Ils avaient déjà fait une demi-journée de marche lorsque le jeune Artaban s’aperçut que, dans
sa précipitation, il avait oublié ses présents.
– Continuez sans moi, dit-il, je retourne au palais et je vous rejoindrai plus tard, avec mes serviteurs.

Et c’est ainsi que Balthazar, Gaspard et Melchior suivirent l’étoile mystérieuse jusqu’au lieu où se trouvait le petit Roi du ciel. Les trois Mages se prosternèrent devant l’Enfant pour l’adorer et déposèrent à ses pieds l’or, l’encens et la myrrhe.

Pendant ce temps, Artaban avait pris beaucoup de retard. Lorsqu’il fut enfin prêt à partir avec deux compagnons, les premières lueurs de l’aube frémissaient à l’horizon.

Levant les yeux, Artaban ne vit plus le signe céleste mais, confiant, il se mit en route vers les montagnes escarpées.

Quand le soleil parvint à son zénith, les voyageurs avaient déjà derrière eux plusieurs heures de route. C’est alors qu’ils aperçurent un homme allongé dans la poussière, un pèlerin épuisé par une longue marche, malade et fiévreux.
– Je vais arriver en retard si je m’occupe de lui, pensa Artaban, mais je ne peux le laisser ainsi !

Avec l’aide de ses compagnons, il lui donna à boire, mit de l’huile sur ses plaies, versa de l’eau fraîche sur son front.

Puis, installant le voyageur sur sa propre monture, il le transporta avec mille précautions jusqu’à la ville la plus proche et demanda à l’aubergiste de le soigner jusqu’à ce qu’il soit guéri.

Pour le payer, il lui offrit un splendide saphir, que l’aubergiste reçut avec une joie non dissimulée.

Alors, Artaban se rendit compte qu’il venait de donner le premier des cadeaux destinés à l’Enfant-Sauveur…

Un peu triste, il continua son chemin, qui lui parut long, beaucoup trop long. Ce n’est qu’après de nombreux jours de marche qu’il arriva à Bethléem, où devait naître le petit Roi du ciel.

Hélas, Artaban arrivait trop tard ! Il apprit que les parents et l’Enfant venaient de fuir en Egypte pour protéger le petit de la colère du roi Hérode.

Car, pour être sûr qu’aucun autre roi ne prendrait sa place, cet homme cruel avait décidé de faire assassiner tous les petits enfants de Bethléem qui avaient moins de deux ans.

La ville était quadrillée par les soldats à cheval pendant que d’autres exécutaient leur horrible besogne.

Alors qu’il s’apprêtait à passer la porte de la ville, Artaban vit une jeune femme qui fuyait en pleurant, serrant son bébé dans ses bras. Un soldat à cheval la poursuivait, l’épée déjà tirée du fourreau.

Alors Artaban s’interposa, prit la mère et l’enfant sous sa protection et demanda au soldat d’Hérode de les épargner, en échange d’un magnifique rubis.

Le soldat n’en revenait pas, il allait être riche ! Après tout, il était mieux payé pour laisser ce bébé en vie que pour l’assassiner… Il accepta le marché et fit demi-tour.

Le jeune Roi Mage resta quelque temps à Bethléem en compagnie de bergers qui gardaient leurs troupeaux dans les montagnes environnantes. Les bergers l’avaient accueilli avec beaucoup de joie et lui avaient montré l’étable où l’Enfant était venu au monde. Puis Artaban se remit en route. Il décida de gagner l’Egypte pour tenter de trouver le Sauveur, afin de lui offrir le dernier présent qui lui restait, une perle d’Orient très rare.

Mais les jours passaient, les semaines et les mois défilaient et Artaban errait toujours.

Après avoir passé plusieurs années en Egypte, il reprit le chemin de la Palestine, pensant que peut-être le roi tant cherché était revenu dans son pays.

Malheureusement, pour entreprendre ce nouveau voyage, il dut vendre sa perle précieuse. Arrivé en terre de Palestine, voici qu’il entendit parler d’un grand prophète qui parcourait le pays et enseignait les foules. Certains l’appelaient « Maître », d’autres « Rabbi » ou encore « Seigneur ».

Artaban voulait connaître cet homme. Il se rendit sur la montagne où se rassemblaient tous ceux qui écoutaient son enseignement.

Dès qu’il le vit, Artaban sentit les larmes couler sur ses joues. Jamais encore, il n’avait entendu de telles paroles.

Le Maître disait :
– Celui qui aura tout quitté, maison, famille, richesses, pour me suivre, celui-là aura en récompense un trésor dans le ciel et la vie éternelle.

Il disait aussi ;
– Ce que vous aurez fait au plus petit d’entre les miens, c’est à moi que vous l’aurez fait !

La nuit qui suivit, Artaban fit un rêve qui le remplit de joie et d’espérance : il vit le Maître venir vers lui accompagné de Balthazar, de Gaspard et de Melchior, le premier portant un coffret d’or fin, le second un précieux vase d’encens et le troisième un riche flacon de myrrhe.

Alors, s’approchant d’Artaban, il le remercia des présents qu’il avait voulu lui offrir le jour de sa naissance.

Et, en disant cela, il ouvrit ses mains et montra au quatrième Roi Mage un saphir d’un bleu très pur, un rubis d’un rouge éclatant et une perle d’Orient très rare…
(Ángel Félix Iglesias)