Dom Helder Camara

Dom Helder Camara, évêque au Brésil

« Un jour, une délégation est venue me soir à Recife : « Vous savez, Dom Helder, il y a un voleur qui a réussi à pénétrer dans telle église. Il a ouvert le tabernacle. Comme il ne s’intéressait qu’au ciboire, il a jeté les hosties par terre dans la boue… Vous entendez, Dom Helder : Le Seigneur vivant jeté dans la boue !… Il faut faire une grande cérémonie de réparation. »
– « Oui, je suis d’accord. On va préparer une procession eucharistique. On va réunir tout le monde. »

Le jour de la cérémonie, quand tout le monde était là, j’ai dit : « Seigneur, au nom de mon frère voleur, je te demande pardon. Il ne savait pas ce qu’il faisait. Il ne savait pas que tu es réellement présent et vivant dans l’Eucharistie. Ce qu’il a fait nous touche profondément. Mais, mes amis, mes frères, nous sommes tous aveugles. Nous sommes choqués parce que notre frère, ce pauvre voleur, a jeté les hosties, le Christ eucharistique dans la boue, mais dans la boue vit le Christ tous les jours, chez nous, au Nordeste. Il nous faut ouvrir les yeux ! » et je disais que le meilleur fruit de la communion au Corps du Christ serait que le Christ ainsi reçu nous ouvre les yeux et nous aide à reconnaître l’Eucharistie des pauvres, des opprimés, de ceux qui souffrent. C’est sur cela que nous serons jugés au dernier jour.

Un mois consacré aux défunts

Le mois de novembre est traditionnellement consacré à la prière pour les défunts. Ils font partie de notre vie, de notre histoire. Leur départ a été pour nous une séparation douloureuse. Beaucoup ont de la peine à s’en remettre ; pensons à la douleur de ces parents qui ont vu partir leur enfant dans un accident, une maladie, une mort violente… Pour d’autres cela s’est passé d’une manière plus paisible. C’est ce qui arrive quand on sait qu’un défunt a vécu toute sa vie pour cette rencontre avec le Seigneur.

Prier pour les défunts, c’est raviver notre espérance face à la réalité mystérieuse de la mort. Nous nous rappelons que la résurrection de Jésus nous ouvre un chemin. Avec lui nous sommes sûrs de triompher de la mort et du péché, dès maintenant et pour l’éternité.

Cette prière nous invite également à réfléchir sur notre vie et à voir ce qui en fait la valeur. La seule chose qui en restera c’est notre amour pour Dieu et pour tous nos frères. Tout ce que nous aurons fait au plus petit d’entre les siens c’est à lui que nous l’aurons fait. « Dis-moi quel est ton amour et je te dirai qui tu es. » (Saint Jean Paul II)

Pour nous chrétiens, la mort est un passage vers le monde de Dieu. Voici un texte de Mgr Rabine qui nous le dit autrement :
« Une des formes les plus saisissantes de la mort m’a toujours semblé être celle-ci : un bateau s’en va : il va quitter notre rive. Pour nous qui sommes sur cette rive, nous voyons les passagers du bateau qui nous quittent. Cela nous rend tristes. Mais pour ceux qui sont de l’autre côté, quelle joie de les voir arriver. Et pour ceux qui sont partis, après la tristesse des adieux à ceux qu’ils aiment et qui les aiment, quel bonheur de découvrir enfin ces horizons infinis, horizons infiniment plus beaux que ceux qu’ils ont laissé ici sur notre rive. Et voilà qu’en pensant au bonheur qui les attend, nous oublions notre tristesse, notre peine et que nous nous réjouissons de les savoir plus heureux qu’ici. Notre rive à nous c’est la terre. L’autre rive où ils parviennent c’est le ciel. C’est ça la mort. Il n’y a pas de morts mais des vivants sur les deux rives. » Mgr Joseph Rabine (D’une rive à l’autre)

Tout au long de ce mois de Novembre, nous accompagnerons nos défunts de notre prière fraternelle. Nous penserons aussi à le remercier de ce qu’ils ont été pour nous. C’est en effet grâce à eux que nous sommes devenus ce que nous sommes. Et surtout, nous laisserons le Christ entrer dans notre vie car il veut nous aider à faire de notre vie une marche vers ce que l’Évangile appelle le « Royaume de Dieu. »
Jean C.