Sainte Catherine de Sienne

Venez à moi

 Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 11,25-30.
En ce temps-là, Jésus prit la parole et dit : « Père, Seigneur du ciel et de la terre, je proclame ta louange : ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits.
Oui, Père, tu l’as voulu ainsi dans ta bienveillance.
Tout m’a été remis par mon Père ; personne ne connaît le Fils, sinon le Père, et personne ne connaît le Père, sinon le Fils, et celui à qui le Fils veut le révéler. »
« Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos.
Prenez sur vous mon joug, devenez mes disciples, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos pour votre âme.
Oui, mon joug est facile à porter, et mon fardeau, léger. »
Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible – © AELF, Paris

 

Méditation

« Je proclame ta louange ; ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits. » Ne nous trompons pas sur le sens de cette parole. La bonne nouvelle n’a été cachée à personne ; elle a été proclamée dans toute la Galilée. Jésus n’a jamais cessé d’inviter les uns et les autres à se convertir ; mais voilà : « il est venu chez les siens et les siens ne l’ont pas reçu. »

Face à ce refus, Jésus ne se laisse pas aller à la tristesse. Pour lui, c’est même une raison de plus de se tourner vers le Père. Cette bonne nouvelle que les sages et les savants n’ont pas su accueillir a été un bouleversement pour les tout-petits. Il faut préciser que ces  sages et ces savants, ce ne sont pas les scientifiques au sens où nous l’entendons actuellement. Il s’agit ici des docteurs de la loi juive. Ces éminents personnages avaient étudié la loi de Moïse. Ils en étaient les spécialistes. Ils étaient imbus de leur savoir et de leurs connaissances.  Mais ils ne connaissaient rien au mystère profond de Dieu.

Il faut le dire et le redire : l’évangile n’est pas d’abord une doctrine, ni des dogmes à apprendre, ni une  morale à pratiquer. C’est beaucoup plus que cela ; c’est une bonne nouvelle ; il nous dit l’amour passionné de Dieu qui a envoyé son Fils dans le monde pour le sauver. Quand on a compris cela, ça change tout dans la vie ; nous ne pouvons plus vivre comme avant. Mais pour accueillir cette bonne nouvelle, il nous faut avoir un cœur de pauvres, entièrement ouvert à Dieu. Jésus se révèle aux tout petits pour leur dire qu’ils sont les plus grands de ce monde. Nous ne pouvons qu’exulter de joie face à un Dieu pareil. Il remet toute chose à sa juste place.

S’adressant aux tout petits, Jésus leur dit : « Venez à moi. » Ce verbe venir, nous le retrouvons très souvent dans la bible. Il s’adresse aux apôtres, au jeune homme riche. Les lépreux viennent à Jésus alors que c’était formellement interdit par la loi de Moïse. Un jour, Jésus a même dit : « Laissez les enfants venir à moi ; le Royaume de Dieu est à ceux qui leur ressemblent » (non parce qu’ils sont plus sages, mais parce qu’ils viennent à Jésus). L’important, c’est de venir.

Cette bonne nouvelle est offerte à tous. Mais la priorité de Jésus va vers tous ceux et celles qui ploient sous le poids de leur fardeau. Nous pensons à tous ceux qui sont douloureusement éprouvés par la maladie, la souffrance physique ou morale. Certains vivent des situations douloureuses et ils ne savent pas comment s’en sortir ; dans les hôpitaux, les urgences accueillent des hommes, des femmes, des jeunes qui ont cherché à mettre fin à leurs jours. Ils ne savent pas comment crier leur souffrance.

S’adressant aux uns et aux autres, Jésus leur dit : « Venez à moi. » Le problème c’est que beaucoup en sont incapables. Alors nous pouvons faire comme les porteurs qui amenaient un paralysé à Jésus. Ce qui a sauvé cet homme, ce n’est pas sa foi mais celle des porteurs. Quand nous allons à Jésus, nous pouvons lui amener tous ceux qui souffrent autour de nous et partout dans le monde : pensons aux malades, aux exclus, aux victimes de la haine et de la violence des hommes. Nous ne pouvons pas aller à Jésus sans eux.
 
S’adressant à ceux qui ploient sous le fardeau, le Seigneur leur dit : « Prenez sur vous mon joug ». Les gens de la ville (même les théologiens) risquent de se tromper sur le sens de cette parole : ce joug n’est pas un fardeau de plus. Les paysans des anciennes générations le savaient bien : il servait à joindre une paire de bœufs pour qu’ils puissent tirer le fardeau ensemble. Pour un tout seul, c’était impossible. Aujourd’hui, Jésus veut nous faire comprendre qu’il veut que nous soyons reliés à lui. Ce fardeau qui nous accable, il veut le porter avec nous. Il sait que par nos seules forces, ce ne sera pas possible. Mais avec lui, il n’y a pas de situation désespérée.

En ce jour, nous venons à toi, Seigneur Jésus. Nous nous unissons à ton action de grâce : « ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits. » Donne-nous d’en être les témoins fidèles auprès de tous ceux que tu mettras sur notre route.