Marc chapitre 7

« Des mains impures… » ( Marc 7, 1-13)

Jésus reproche aux pharisiens de laisser de côté les commandements de Dieu pour s’attacher aux traditions des hommes. Aujourd’hui, il voudrait nous dire que le plus important n’est pas de se laver les mains mais de se laver le cœur. Jésus nous invite à faire la vérité dans tous nos actes religieux, nos pratiques religieuses, notre prière et tout ce qui est important pour nous.

Cet évangile nous invite à faire notre examen de conscience : il y a des paroles qui sonnent creux. Elles ne correspondent pas à des sentiments vrais. Nous n’aimons pas qu’on nous parle comme si on nous récitait une leçon. Pour Dieu c’est pareil. Il n’accepte pas de notre part des prières vides, vides de notre cœur. Nous ne pouvons atteindre Dieu qu’avec le cœur. Dans notre vie de relation de Dieu avec nous et de nous avec Dieu, tout se joue au niveau du cœur.

Vivre en chrétien, c’est vivre intensément cette alliance d’amour entre Dieu et nous. Il n’y a que cela qui compte. On comprend alors que Jésus soit déconcerté par les critiques des pharisiens qui lui reprochent de ne pas respecter les traditions religieuses. Si l’évangile nous rapporte cet événement, c’est pour attirer notre attention sur nous. Comme eux, nous avons facilement tendance à juger la religion des autres. L’intolérance n’a rien à voir avec l’Évangile.

En critiquant et en dénonçant, nous ne faisons qu’ajouter un peu plus d’amertume à ce monde. Notre bataille contre le mal doit commencer par le cœur. C’est dans le cœur que nous devons planter les bonnes herbes de la solidarité, de l’amitié, de la patience, de l’humilité, de la piété, de la miséricorde et du pardon. Le chemin vers cette plantation, c’est l’Évangile qui nous le trace. Il nous apprend à mettre tous les jours un peu plus d’amour dans notre vie.

Ce qui rend l’homme impur… (Marc 7, 14-23)
Jésus enseigne qu’aucun aliment ne peut rendre l’homme impur. Quand Marc écrit son Évangile quarante ans plus tard, la question n’est pas encore résolue. Certains pensent qu’il faut imposer aux chrétiens nouveaux convertis les strictes coutumes des juifs.
Mais la vraie religion n’est pas liée à ces coutumes. L’Église doit être ouverte à tous, même s’ils sont différents. Le messager de l’Évangile est amené à découvrir la valeur de ceux qui n’ont pas nos coutumes. Nous n’avons pas à leur imposer notre mode de vie. La vraie conversion est ailleurs.
Le vrai problème se situe au niveau du cœur : « Car c’est du dedans, du cœur de l’homme, que sortent les pensées perverses : inconduites, vols, meurtres, adultères, cupidités, méchancetés… Tout ce mal vient du dedans, et rend l’homme impur. » Les racines qui conduisent au péché sont bien présentes au cœur ce chacun d’entre nous. Nous connaissons tous nos limites, nos imperfections. Mais le Seigneur ne nous abandonne pas. Lui seul peut purifier notre cœur.

 

« Aie pitié de moi » (Marc 7, 24-30)
Le cri de foi de cette maman est tout à fait étonnant. N’oublions pas qu’elle est totalement étrangère à la religion d’Israël. De plus, elle ignore tout de la véritable identité de Jésus. Et pourtant, elle l’appelle « Fils de David » et « Seigneur ». Ceux qui connaissent la Bible savent que ce sont là des titres divins. Après un premier refus de Jésus, elle insiste. Et quand elle entend qu’on ne peut pas « donner le pain des enfants aux petits chiens », elle a une réponse admirable : « C’est vrai, Seigneur, mais les petits chiens mangent les miettes qui tombent sous la table de leur maître. »

En entendant cette parabole, nous pouvons penser à la parabole du « mauvais riche » qui faisait des festins somptueux. Au dehors, le pauvre Lazare se serait bien contenté des miettes tombées de la table du riche. Mais ce sont justement les chiens qui venaient lécher ses ulcères. De son côté, Jésus ne peut pas se mettre dans la situation du riche qui repousse un exclu. Il est venu pour que tous les hommes aient la vie en abondance. Se tournant vers la Cananéenne, il lui dit : « Femme, ta foi est grande ; que tout se fasse pour toi comme tu le veux. »

Cet évangile nous adresse un appel de la plus haute importance : il nous interpelle sur la manière dont nous prions. Bien souvent, nous avons l’impression que Dieu ne nous entend pas. Nous nous heurtons à son silence. Nous avons beau insister, prier encore et encore ; mais nous ne recevons aucune réponse. Aujourd’hui, c’est la Cananéenne, une étrangère à la foi, qui nous montre le vrai chemin : Elle nous apprend la pauvreté du cœur : « Heureux les pauvres de cœur, ils seront rassasiés ». Cette attitude nous rendra entièrement ouverts au don de Dieu ; Il nous promet de ne pas nous donner les miettes mais de nous faire asseoir à la table des enfants.

Aujourd’hui encore, des étrangers viennent frapper à la porte de l’Église. Beaucoup sont « mal croyants », marginaux de la foi. Certains ont adopté des superstitions qui les laissent insatisfaits. Et puis, nous pensons aussi à tous ces baptisés qui, pendant des années, se sont éloignés de la foi. Mais le Seigneur s’arrange toujours pour les mettre sur notre route. Alors, nous pouvons nous poser la question : qu’avons-nous à leur offrir ? Des miettes ou du pain ?

« Ouvre-toi… » Marc 7, 31-37

Méditation
Jésus se trouve en plein territoire païen. Il n’hésite pas à sortir des frontières d’Israël. C’est une manière de dire que la bonne nouvelle n’est pas réservée à quelques-uns mais au monde entier. Le voilà donc au milieu de tous ces gens qui n’ont pas d’oreille pour entendre la Parole de Dieu ni de bouche pour proclamer sa louange. Comme leurs idoles ils « ont une bouche et ne parlent pas… des oreilles et n’entendent pas. » (Psaume 113) Or voilà que l’Évangile de ce jour nous donne une pitoyable illustration de ce monde païen : un sourd muet est amené à Jésus.

Jésus se met tout de suite au travail : imposer les mains ne suffit pas ; le mal est trop grand : il faut aller à l’écart, mettre les doigts dans les oreilles, toucher la langue, lever les yeux au ciel, soupirer et prier. Le mal est très fort. Jésus se bat contre lui ; ce n’est pas sans peine mais il finit par gagner. Les oreilles s’ouvrent, la langue se délie. À travers cet homme, Dieu donne aux païens une oreille pour entendre la Parole de Dieu et une bouche pour proclamer sa louange.

« Ouvre-toi ! » C’est aussi à chacun de nous que le Christ s’adresse en ce jour. Nous savons bien qu’il n’y a pas de pire sourd que celui qui ne veut pas se laisser toucher par les appels de Dieu et de ses frères. Ces sont nos fermetures, nos blocages qui entravent une vraie communication entre nous. « Ouvre-toi » nous dit le Seigneur. Ne reste pas enfermé sur tes soucis personnels ni sur tes relations habituelles, ni sur ton milieu social. Ouvre-toi à Dieu et aux autres. Ce n’est pas pour rien que notre pape François nous recommande d’aller jusqu’aux « périphéries ».