Marc 9

La Transfiguration (Marc 9, 2-10)
Jésus prend avec lui Pierre, Jacques et Jean ; et il les emmène avec lui sur une haute montagne. Il faut savoir que dans la Bible, la montagne représente le lieu de la proximité de Dieu et de la rencontre intime avec lui. C’est vraiment LE lieu de la prière en présence de Dieu. C’est là que les apôtres font cette découverte extraordinaire de Jésus transfiguré et lumineux. Son visage devient si resplendissant et ses vêtements si lumineux que Pierre en est ébloui. Il voudrait rester là pour fixer cet événement.

Mais voilà que résonne la voix du Père : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé. Écoutez-le. » Cette parole est importante. Nous devons écouter Jésus. Ce n’est pas le pape ni les évêques ni les prêtres qui disent cela, c’est Dieu lui-même qui nous le dit à tous. Le Seigneur est là au cœur de nos vies, de nos loisirs et de nos soucis. Mais trop souvent, nous sommes ailleurs. Nous organisons notre vie en dehors de lui.

Nous disciples du Christ, nous sommes appelés à être des personnes qui écoutent sa voix et qui prennent au sérieux ses paroles. Pour écouter Jésus, il faut être proche de lui, il faut le suivre, il faut accueillir son enseignement. C’est ce que faisaient les foules de l’Évangile qui le poursuivaient sur les routes de Palestine. Le message qu’il leur transmettait était vraiment l’enseignement du Père. Cet enseignement, nous pouvons le trouver chaque jour dans l’Évangile ; quand nous le lisons, c’est vraiment Jésus qui nous parle, c’est sa Parole que nous écoutons.

Dans cet épisode de la Transfiguration, nous trouvons deux moments significatifs : la montée et la descente. Le Seigneur nous appelle à l’écart, à monter sur la montagne. Comprenons bien, il ne s’agit pas de faire de l’alpinisme mais de trouver un lieu de silence et de recueillement pour mieux percevoir la voix du Seigneur. C’est ce que nous faisons dans la prière. Pendant l’été, beaucoup choisissent de passer quelques jours dans un monastère. Ils ont besoin de ce temps de ressourcement pour leur vie chrétienne.

Mais nous ne pouvons pas rester là. La rencontre avec Dieu dans la prière nous pousse à « descendre » de la montagne. Nous sommes invités à retourner en bas, dans la plaine et à rejoindre le monde dans ce qu’il vit. Nous y trouverons tous ceux et celles qui sont accablés par le poids du fardeau, des maladies, des injustices, de l’ignorance, de la pauvreté matérielle et spirituelle.

Nous sommes envoyés pour être les témoins et les messagers de l’espérance qui nous anime. Cette parole que nous avons reçue doit grandir en nous. Cela ne se réalisera qui si nous la proclamons. Si nous l’accueillons, ce n’est pas pour la mettre dans un conservateur mais pour la donner aux autres ; c’est cela la vie chrétienne : accueillir Jésus et le donner aux autres.

Guérison d’un enfant possédé (Marc 9, 14-29)

« Si tu peux quelque chose, viens à notre secours ! » Ce sont les paroles d’un papa qui est en grande souffrance devant la situation dramatique de son enfant. Jésus lui répliqua : « Pourquoi dire ‘si tu peux’. Tout est possible pour celui qui croit ». Puis nous avons entendu la réponse du père : « Je crois, viens en aide à mon manque de foi. »

Le grand message de cet Évangile, c’est la force de la prière. Par la prière exprimée avec foi, nous pouvons obtenir de grandes choses de la part de Dieu. La nécessité du recours à la prière nous rappelle que les charismes reçus de Dieu dépendent de lui.

Nous chrétiens ‘aujourd’hui, nous sommes affrontés à l’incroyance générale. Et souvent, nous y participons. Comme ce papa et comme les apôtres, nous sommes invités à nous tourner vers le Seigneur et à la supplier : « Viens en aide à notre manque de foi ».

Qui est le plus grand ? (Marc 9, 30-37)
Ce récit nous montre qu’il y a opposition entre l’esprit du monde et l’esprit de Dieu. L’événement qui nous est rapporté se passe juste après la Transfiguration. Les apôtres Pierre, Jacques et Jean ont été les témoins émerveillés de la gloire de Dieu. Ils ont entendu la voix du Père qui le déclarait « Bien aimé de Dieu ». Ils s’attendaient pour lui à un destin glorieux et victorieux.

Or voilà que Jésus leur annonce qu’il va affronter la souffrance et la haine des hommes. Il sera arrêté, condamné et mis à mort sur une croix. Les disciples ne comprennent plus parce que c’est totalement contraire à l’idée qu’ils se font du Messie.

La suite du récit nous montre bien qu’ils n’ont rien compris. En effet, ils en viennent à discuter entre eux pour savoir qui est le plus grand parmi eux. C’est l’éternelle question du pouvoir. Que ce soit en politique, en économie ou dans le milieu professionnel, on veut se mettre en position de force, on veut dominer l’autre et le soumettre à son vouloir personnel.

Ce n’est pas ainsi que Jésus voit les choses. Pour les conduire vers une vraie perfection, il prend un enfant et le place au milieu d’eux. Dans le monde de la Bible, l’enfant c’est celui qui n’a pas droit à la parole. C’est le dernier de tous. Accueillir un enfant comme celui qu’il leur montre, c’est accueillir Jésus lui-même. La vraie grandeur, c’est l’accueil et le service des petits. C’est ainsi que l’humble service est élevé au rang de service de Dieu.

Nous voilà donc provoqués à réviser nos positions puisque, aux yeux de Jésus, le plus grand c’est le plus petit. Quand notre monde fonctionnera selon cet ordre de grandeur, quand les plus fragiles seront au cœur de la communauté, la vie sera tout autre. Chacun peut, à son niveau, mettre en pratique cette parole qui sera celle de l’accueil final : « Ce que vous avez fait au plus petit d’entre les miens, c’est à moi que vous l’avez fait ».

Celui qui n’est pas contre nous est pour nous (38-41)
Jésus réagit contre une autre forme d’incompréhension : l’intolérance. Personne n’a le monopole de la lutte contre le mal et de la préparation du règne de Dieu. Un cœur d’enfant s’émerveille devant tout bien, d’où qu’il soit et d’où qu’il vienne. Les dispositions intimes de chacun importent plus que les appartenances juridiquement établies.

Un simple verre d’eau… (9, 41-50)

Un verre d’eau, ce n’est vraiment pas grand-chose. Mais quand il est offert au plus humble disciple, il prend une toute autre valeur. « Celui qui vous donnera un verre d’eau au nom de votre appartenance au Christ, amen, je vous le dis, il ne restera pas sans récompense… » C’est dire toute l’importance du moindre geste d’accueil et de partage. Rien n’est petit.

Ces paroles sont suivies d’une mise en garde très ferme ; Jésus nous recommande tout ce qui risque d’entraîner la chute de ces petits. Comprenons bien : ils ont la première place dans le cœur de Dieu. Ils sont son bien le plus précieux. Les entrainer à la chute c’est pécher contre Dieu. Ce comportement doit être combattu farouchement.

Pour nous aider à mieux comprendre la gravité du scandale, Jésus utilise des images d’amputation. « Mieux vaut pour toi entrer manchot dans la vie éternelle que de t’en aller dans la géhenne avec tes deux mains, là où le feu ne s’éteint pas… » Il ne s’agit pas de se mutiler ; ce qui nous est recommandé, c’est de trancher dans nos modes de vie, nos habitudes. La vie éternelle mérite tous les sacrifices.

La « géhenne » tire son nom de la vallée de Jérusalem. Actuellement, c’est une belle vallée verdoyante, mais à l’époque, elle servait de dépôt pour les ordures. Tout un symbole.