Marc 10

« La sclérose du cœur » (10, 1-12)
« Est-il permis à un mari de renvoyer sa femme ? » Jésus les renvoie à ce qui est dit dans la loi de Moïse. Dans les cas extrêmes, elle permet un acte de répudiation. Jésus leur répond que si Moïse a fait cette concession, c’est à cause de la « sclérose » de leur cœur. La Bible prend les gens là où ils en sont pour les conduire pas à pas vers la révélation dans le Christ Jésus. Un cœur sclérosé, c’est un cœur qui obéit à ses propres désirs et non à la volonté de l’Esprit Saint. « Ce n’est pas à votre honneur ce que Moïse a été obligé de faire. C’est à cause de votre sclérose de cœur que ce commandement a été écrit ».

Mais le but de Jésus n’est pas de faire une leçon de morale. Il donne un enseignement sur ce qui a été voulu par Dieu depuis les origines : « Il les fit homme et femme. À cause de cela, l’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme et tous deux ne feront plus qu’un. Ainsi, ils ne sont plus deux mais ils ne font qu’un. » Créé à l’image de Dieu, le couple doit être « l’icône de Dieu » : « Donc, ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas ! » Qu’il ne le détruise pas. Qu’il ne l’avilisse pas. La première chose à faire, c’est de revenir à la volonté de Dieu sur nous : sa volonté c’est que l’homme et la femme soient l’icône de sa propre unité, l’icône de l’amour à l’intérieur du mystère Trinitaire.

C’est très beau car ça montre que le mariage existait avant le péché de l’homme. Il continue à être une bénédiction après le péché. « Le mariage demeure une bénédiction divine que le péché n’a pas aboli ». Très abîmé par le péché originel, il retrouve tout son sens en Jésus. Le mariage chrétien est une réponse à ce qui a été voulu dès les origines. C’est quelque chose de très grand, très beau et très mystérieux auquel on ne doit pas toucher parce que c’est l’icône de l’amour de Dieu. C’est pour cette raison que l’adultère est si grave car il est un péché contre l’icône de Dieu. Dans l’Ancien Testament, il va avec l’idolâtrie. Ce texte est une hymne à la grandeur et à la beauté du mystère de l’union de l’homme et de la femme depuis les origines. Cette bénédiction continue après le péché des origines.

« Laissez venir à moi les petits enfants… » (10, 13-16)
Voilà une parole bien sympathique que les parents choisissent souvent pour le baptême de leurs enfants. En plus, Jésus nous dit que le Royaume de Dieu est à ceux qui leur ressemblent. Alors, nous pouvons nous demander pourquoi il nous dit cela ? Est-ce parce qu’ils sont plus sages ? Les papas et les mamans savent bien que cela n’est pas toujours facile avec leurs petits caprices. Alors qu’a voulu dire Jésus ?

Pour bien le comprendre, il nous faut revenir au plus près de ses paroles. Le mot important c’est le verbe « venir ». Tout au long des évangiles, nous voyons des gens qui « viennent » à Jésus. Nous pensons aux bergers qui viennent à la crèche de Noël, aux mages venus d’Orient pour se prosterner devant « le Roi des juifs ». Des malades, des lépreux, des infirmes viennent à Jésus pour se faire guérir. Nicodème, un chef religieux est venu de nuit pour lui poser des questions. Un jour, Jésus a dit : « Venez à moi vous tous qui peinez sous le poids du fardeau. »

Ce qui est nouveau dans cet évangile c’est que des enfants viennent aussi à lui. C’était contraire aux habitudes de l’époque. En effet, les petits enfants n’avaient pas leur place dans la conversation des adultes. Ils n’avaient pas droit à la parole. Alors Jésus demande qu’on les laisse venir à lui. Le Royaume de Dieu est à ceux qui leur ressemblent, non parce qu’ils sont plus sages mais parce qu’ils viennent à Jésus.

Le jour du baptême de nos enfants, nous nous sommes rassemblés à l’église ; nous sommes venus à Jésus. Nous avons amené nos enfants à l’église pour qu’ils deviennent enfants de Dieu. Les années passant, ils ont été inscrits pour aller à l’école. Ils vont faire des activités sportives ou culturelles, foot, rugby, tennis de table, danse, musique… J’en ai même connu un qui faisait de la boxe ; (je ne l’ai pas eu dans mon groupe de catéchisme…) En grandissant, ils apprendront un métier. Mais il ne faut pas oublier de les laisser venir à Jésus.

Pour vivre en enfant de Dieu, nos enfants ont besoin d’être éveillés à la foi à l’intérieur de leur famille puis dans une équipe de catéchisme. Des propositions dans ce sens les paroisses. L’éveil à la foi a besoin de trois étapes :
· L’approfondissement de la Parole de Dieu
· La célébration à l’intérieur des groupes mais aussi à l’intérieur des communautés le dimanche
· Le témoignage de la vie : La foi ne se développe que si elle est communiquée, un peu comme une lampe

L’appel du riche (10,17-31)
Jésus nous est présenté comme Sagesse et Parole de Dieu. Dans ce récit, nous trouvons un homme qui accourt vers Jésus. Tombant à genoux, il lui pose la question qui le préoccupe : « Que dois-je faire pour avoir en héritage la Vie éternelle ? Jésus lui répond qu’il faut observer les commandements. Sur ce point, notre homme peut se sentir en règle. Alors, Jésus lui propose beaucoup mieux : « Ne bricole plus : Une seule chose te manque : Va, vends tout ce que tu as, donne-le aux pauvres, puis viens et suis-moi. » Alors cet homme est reparti tout triste car il avait de grands biens.

Comme cet homme, nous sommes attachés à nos biens. Nous avons de nombreux fils qui nous empêchent de nous envoler et de vivre pleinement. Nous trouvons plein de prétextes qui nous empêchent d’aller jusqu’au bout de l’alliance avec Jésus. En ce jour, nous pensons aux nombreux missionnaires qui, pendant des siècles, ont tout quitté pour annoncer le Christ. Et actuellement, des prêtres africains, indiens et autres ont quitté leur famille et leur pays pour venir nous évangéliser. Tout cela doit nous interpeller. Partir, ce n’est pas seulement voir du pays, c’est risquer sa vie, risquer la persécution.

Ils sont nombreux les prêtres, religieux, religieuses et laïcs qui ont fait le choix de tout abandonner pour l’unique trésor qui ne vieillit pas, qui ne pourrit pas, qui n’est pas rongé par les vers ni par les remords. Ce trésor c’est une multiplication d’amour. Choisir le Christ, c’est multiplier par cent tous nos biens, toutes nos relations ; quitter un frère, une sœur pour recevoir le centuple ! Quitter une maison pour recevoir un Royaume !

Cet Évangile nous invite à ne pas fermer notre cœur mais à l’ouvrir à l’infini de Dieu. Malheureusement notre attachement à la pacotille nous empêche d’accueillir le seul vrai trésor qui pourrait nous combler. Ce qui nous est proposé c’est de nous laisser envahir par le regard et l’amour du Christ. Au jour de notre baptême, nous avons été plongés dans cet océan d’amour qui est en lui. Si nous restons en communion avec lui, nous comprenons que ses exigences sont un appel à vivre en plénitude.

Aujourd’hui comme autrefois, le Seigneur continue à nous appeler. Il compte sur chacun de nous. Au départ, ils étaient douze à suivre Jésus. Aujourd’hui, la petite communauté s’est multipliée par 100 000 000 ; c’est l’action de l’Esprit Saint dans l’Église universelle. La Parole de Dieu s’est répandue dans le monde entier. Nous sommes tous invités à entretenir le feu pour qu’il continue à illuminer le monde.

Troisième annonce de la Passion (10, 32-34)
Le climat de cette annonce est encore plus tendu. Jésus marche résolument devant le groupe des disciples. Il va accomplir son destin en toute liberté. À la suite D’Abraham, de David et de nombreux prophètes, il monte vers la Ville sainte. Il y accomplira le plan salvifique de Dieu. Les responsabilités du drame qui vient sont distribuées. Aux chefs religieux d’Israël reviendra la responsabilité d’avoir condamné Jésus à mort et de l’avoir livré aux païens ; ces derniers exécuteront la condamnation portée par les autorités juives. Puis viendra la résurrection.

La demande de Jacques et de Jean (35-43)
Dans cet Évangile, nous voyons que les disciples n’ont rien compris. Jésus vient de leur annoncer sa Passion, sa mort et sa résurrection. Les Douze suivent sans empressement car ils ont peur. Ils savent ce qui les attend à Jérusalem. De ce groupe, deux hommes se détachent, Jacques et Jean. Pour être rassurés, ils demandent à Jésus de siéger à sa droite et à sa gauche dans son Royaume. Les autres disciples s’indignent : « Pourquoi pas nous ? » Mais Jésus ne s’indigne pas. Il sait ce qu’il y a dans le cœur de l’homme. S’il intervient, c’est pour les amener et nous amener à changer de perspective. Il dénonce les rapports de force et de supériorité. Le pouvoir comme écrasement des autres ne doit pas avoir sa place parmi les disciples.

La gloire du Christ se manifestera sur la croix. À sa droite et à sa gauche, nous trouverons deux bandits. La coupe qu’il boira sera celle de sa Passion qui l’introduira dans le Royaume. Là, toutes les relations seront transformées. Chacun y découvrira que sa place est un don de Dieu. C’est ainsi que Jésus a aboli la loi du plus fort. Il l’a remplacée par celle du plus aimant. C’est une conversion de tous les jours que nous obtiendrons en contemplant et un accueillant « Jésus serviteur ». Il est celui qui « nous a aimés comme on n’a jamais aimé. »

C’est très important pour nous aujourd’hui. Notre monde juge le christianisme à travers ceux qui le pratiquent, donc à travers nous. Notre première tâche c’est de nous laisser imprégner par l’Esprit Saint pour ne pas déformer le message de l’Évangile. Notre travail c’est de poursuivre la mission du Christ ; c’est d’annoncer une bonne nouvelle, celle de l’amour de Dieu pour chacun de ses enfants. Mais dans notre monde, deux hommes sur trois ne le connaissent pas. C’est une raison de plus pour témoigner à temps et à contretemps de la bonne nouvelle de l’Évangile.