Dans ce récit de la Passion, nous constatons le retournement des foules qui avaient mis leur espoir en Jésus. Après l’avoir acclamé le dimanche des Rameaux, ils se sont mis à réclamer sa mort. En fait, il y a eu de leur part une erreur sur l’identité du Messie. Ils avaient mis en lui un espoir totalement humain. Quand on subit l’oppression d’un pays étranger depuis 140 ans, on se raccroche à celui qui donnera la liberté, l’indépendance politique et la prospérité économique. C’est cela qu’on attendait de Jésus.
Or voilà que Jésus leur dit : « Je ne suis pas celui que vous croyez ». Mon Royaume n’est pas comme les Royaumes de la terre. Il commence à l’intérieur des cœurs. Il commence dans vos esprits chaque fois que vous commencez à vivre autrement. Cette réflexion nous concerne nous aussi : Car nous aussi, nous projetons souvent sur Jésus tous nos rêves, tous nos désirs, tous nos espoirs humains, toutes nos idées, nos idéologies. On voudrait en faire le Messie dont on rêve pour telle idée qui est notre idée, notre manière de voir les choses. Mais Jésus ne marche pas dans cette combine. Alors on est déçu. Dieu ne se laisse pas posséder.
Au lieu de nous décourager, regardons vers Jésus lui-même. Lui aussi, il a connu cette tentation. Mais voilà qu’il s’est repris pour dire : « Non pas ma volonté mais ta volonté. » La volonté de Dieu, c’est ce que Jésus appelle le Règne de Dieu, c’est à dire un monde réussi, un monde heureux. Il ne vient pas par une révolution. Il vient en nous dans nos esprits et dans nos cœurs. Nous l’accueillons si nous apprenons à faire des gestes de paix et de réconciliation ; quand nous compatissons à la peine de quelqu’un, nous accueillons le Royaume ; quand nous travaillons pour un peu de justice dans le monde, pour un peu plus de vérité en nous et entre nous, nous accueillons le Royaume.
L’Évangile de la Passion nous fait revivre symboliquement l’histoire de notre salut réalisé en Jésus Christ. C’est en regardant vers la croix que nous comprenons mieux à quel point il nous a aimés. Cette croix est là pour nous rappeler qu’il a livré son Corps et versé son sang pour nous et pour la multitude. Lui-même nous a dit qu’il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime.