Chapitre 4

La parabole du semeur (Marc 4, 1-20)
Cet Évangile nous parle d’abord de Dieu et de nous. Il s’agit d’un Dieu qui « sort » parce qu’il a choisi d’ensemencer la terre. Cette semence c’est la Parole de Dieu. Elle nous dit tout l’amour de Dieu pour le monde. Dieu la répand avec une générosité extraordinaire. Il cherche à rejoindre tous les hommes sur tous les terrains, y compris ceux qui se trouvent dans les situations les plus désespérées. Son message de salut doit être proclamé dans le monde entier. Nous n’oublions pas que les paroles de Jésus sont celles de la Vie éternelle.

L’évangile nous parle de quatre terrains différents : les grains tombés sur le bord du chemin le sol pierreux et dans les ronces sont perdus. Mais ceux qui arrivent dans la bonne terre produisent « trente, soixante, cent pour un ». Nous lisons cet Évangile comme un bilan de Jésus et de sa mission. C’est lui le « semeur » qui est « sorti » d’auprès de Dieu pour semer la bonne nouvelle de l’Évangile. Mais beaucoup d’obstacles sont venus bloquer la croissance de la Parole : les esprits mauvais, les scribes, les pharisiens et même la parenté de Jésus. Seuls ceux qui se sont mis à croire ont pu produire du fruit. Ils ont contribué à l’expansion de la bonne nouvelle dans le monde entier

« Ils pourront bien regarder de leurs yeux, mais ils ne verront pas… » Bien sûr, Jésus n’a rien voulu cacher aux foules. Mais quand Marc écrit son Évangile, la majorité des juifs ont refusé son message. Seuls quelques-uns l’ont accueilli. Ce petit groupe s’est développé en s’agrégeant des païens jusqu’à Rome. Ils sont la nouvelle famille de Jésus. Le mystère de Dieu leur est pleinement révélé. Par contre, il reste inaccessible aux juifs et aux païens non convertis.

L’explication de la parabole est une réponse à l’interrogation de l’entourage de Jésus ainsi des Douze. Il s’adresse aussi aux premiers chrétiens. Il leur reproche leur incompréhension (leur manque de foi. Même les disciples peuvent être sujets à la surdité et à l’aveuglement spirituels. Ces terrains bons ou mauvais, c’est chacun de nous.

La terre c’est l’homme qui reste ouvert à la Parole de Dieu. Il s’en nourrit chaque jour et il la met en pratique dans toute sa vie. Sur un terrain favorable, elle ne peut que produire du fruit. Ces fruits, c’est la conversion, c’est la transformation de toute une vie. Ils sont nombreux ceux et celles qui peuvent dire : « Il a changé ma vie ». Quand l’Esprit Saint est là, le résultat est extraordinaire.

À la suite du Christ, nous sommes envoyés pour être des semeurs de la bonne nouvelle et pour proposer l’Évangile aux hommes d’aujourd’hui. Nous avons tendance à nous lamenter sur les églises vides alors que les supermarchés sont pleins. Être missionnaire c’est aller sur tous les terrains, vers les croyants mais aussi les non croyants et les mal croyants. Le Christ veut les sauver tous. À sa suite et avec lui, nous sommes envoyés pour semer à profusion. Il ne s’agit pas de faire croire mais de dire et de témoigner de la foi qui est en nous. Même si nous n’en voyons pas les résultats, rien ne peut empêcher la Parole de Dieu de produire du fruit.

Parabole de la lampe (4, 21-23)
Comme chacun le sait, la lampe doit être placée au centre de la pièce pour éclairer ses occupants. Cette lampe peut nous faire penser au Règne de Dieu. Son mystère révélé à quelques-uns doit être largement diffusé.
Mais en y regardant de plus près, on constate qu’il s’agit d’une lampe qui « vient ». Nous comprenons qu’il s’agit de Jésus qui est « venu ». Il en va ici comme du semeur qui est « sorti » pour semer.
La manifestation de Jésus est restée discrète. Il a refusé la publicité intempestive qui risquait de fourvoyer les gens sur sa personnalité et sa mission. Sa priorité, c’est l’annonce de la bonne nouvelle ; celle-ci doit être portée en plein jour. Elle doit illuminer tous les hommes. Chacun est interpellé sur l’accueil qu’il fait de l’Évangile et sur le témoignage qu’il en donne.

La lampe sur le lampadaire : Marc 4, 21-25

Cette lumière dont nous parle l’Évangile, c’est Jésus lui-même. Il est la Lumière du monde. Il est venu pour éclairer et il l’a fait par toute sa vie privée et publique. Paradoxalement, c’est dans les jours de sa Passion et de sa mort qu’il l’a été le plus intensément.

Nous chrétiens d’aujourd’hui, nous sommes invités à accueillir le Christ Lumière. Nous croyons en lui. Nous sommes appelés à être la lampe qui éclaire la maison. Nous le ferons en témoignant de l’Évangile et surtout par le rayonnement de toute notre vie. Avant d’écouter les chrétiens, on les regarde vivre.

Cette Lumière du Christ et de son Évangile nous est confiée. Un jour, nous aurons à en rendre compte. Il y a des silences qui sont des faiblesses et des lâchetés. Si nous voulons être fidèles au Christ, il ne faut pas craindre d’aller à contre-courant de la mentalité du monde. N’oublions jamais que si le Christ nous a appelés, c’est pour que nous soyons avec lui. C’est avec lui que nos communautés seront lumières du monde.

La semence qui germe et grandit Marc 4, 26-34
L’Évangile de saint Marc s’adresse à des chrétiens désemparés. Leur question est de tous les temps : dans ce monde où tout va si mal, où est-il notre Dieu ? Que sont devenues les promesses du Christ ? Comment garder la foi face à toute cette violence. Saint Marc leur rappelle les paroles de Jésus autrefois. Il leur parle de cette semence qui germe et grandit toute seule. Mais entre les semailles et la moisson, il y a beaucoup de temps. C’est une manière de dire que le Royaume de Dieu est en gestation. La récolte viendra mais ce sera pour plus tard. Notre Dieu peut paraître absent mais son action est discrète et efficace.

Avec nos yeux et nos oreilles, nous pouvons savoir ce qui se passe dans le monde. Mais pour reconnaître l’action de Dieu, il faut le regard de la foi. Comme les disciples d’Emmaüs, nous reconnaissons la présence du Christ quand il nous explique les Écritures et qu’il nous partage son pain eucharistique. C’est en lui que toute notre vie retrouve son sens. Nous découvrons que même dans les pires épreuves, Dieu ne nous a jamais abandonnés.

Concrètement, nous croyons que Dieu agit quand les ennemis enfin se parlent, quand des hommes, des femmes et des enfants sortent du cercle infernal de la rancune et de la violence pour faire des gestes de paix et de réconciliation. Dieu agit quand des savants inventent des moyens pour combattre les maladies. Il est présent quand des équipes s’organisent pour visiter des malades ou des prisonniers. Nous voyons aussi des SDF qui arrivent à lancer des journaux qui redonnent leur dignité à des exclus sur le point de sombrer. C’est ainsi que les signes de la présence de Dieu sont nombreux. Nous sommes comme le paysan de la parabole. Les choses se passent sans que nous n’en sachions rien et sans que nous comprenions comment.

Quand nous voyons la vie germer, c’est Dieu qui est là et qui agit. Un jour, Jésus a dit qu’il est venu pour que tous les hommes aient la vie en abondance. Vivre, c’est faire, c’est agir et à certains moments, c’est dormir. Que nous dormions ou que nous nous levions, la semence germe. En attendant la moisson, il nous faut apprendre la patience et surtout la confiance. J’ai fait ce que je devais faire. À toi Seigneur de jouer. Tu m’as demandé de semer des graines d’amour, de justice, de paix, de réconciliation…Mais c’est toi qui donnes à la semence de pousser et de donner du fruit.

« Silence, tais toi ! » Marc 4, 35-41
Jésus a prêché toute la journée. Le soir venu, il dit à ses disciples : « Passons sur l’autre rive ! » Cette autre rive, c’est celle du monde païen. Là aussi, la Parole de l’Évangile doit être annoncée car Dieu veut que tous les hommes soient sauvés.

Or voilà qu’au cours de la traversée, c’est la tempête ; elle devient menaçante. C’est aussi ce qui se produit dans la vie de l’Église. Quand saint Marc écrit son Évangile, les chrétiens sont violemment persécutés. Et nous-mêmes, nous avons parfois à affronter d’autres tempêtes, des incidents désagréables, des paroles blessantes, des inquiétudes, des peurs qui nous ligotent.

Comme les disciples, nous pouvons crier vers le Seigneur : « Maître, nous sommes perdus ! » La bonne nouvelle c’est qu’avec le Christ présent dans notre barque, nous ne courons aucun danger. Encore faut-il que nous acceptions de lui faire confiance et de lui remettre nos vies. Il est toujours présent auprès de nous, même quand il semble dormir. Avec lui, les forces du mal ne peuvent avoir le dernier mot.