Chapitre 16

Les femmes au tombeau (1-8)

De grand matin, Marie-Madeleine et ses amies se rendent au tombeau de Jésus. Il faisait sombre dans leur cœur ainsi que dans celui des apôtres. Pendant trois ans ils avaient suivi Jésus. Ils avaient écouté ses paroles porteuses d’espérance. Ils avaient mis tout leur amour et toute leur confiance en lui. Ils comptaient sur lui pour être le libérateur d’Israël. Ce serait un nouveau départ pour un monde de justice et de bonheur. Mais voilà que tout s’est arrêté au soir du vendredi. Jésus venait d’être arrêté, condamné et mis à mort sur une croix. C’était la fin d’une belle aventure.

Il fait souvent sombre dans notre cœur et celui des hommes et femmes de notre temps. Nous pensons également à toutes les victimes de la haine et de la violence. Chaque jour, les médias nous en donnent de dramatiques témoignages. Quand tout va mal, on se dit que cela ne sert à rien de continuer et on a envie de tout abandonner.

Mais voilà qu’au matin de Pâques quelque chose de nouveau est en train de se produire. Le linceul est toujours là bien rangé, mais le corps de Jésus n’y est plus. Qu’est-ce que cela veut dire ? Il peut y avoir plusieurs explications. Marie Madeleine semble ne retenir qu’une solution, la plus dramatique : On a enlevé le corps du Seigneur. Jésus n’est plus là. Elle court crier sa détresse aux disciples et eux aussi courent vers le tombeau.

Cette course, de grand matin, alors qu’il fait encore sombre, est bien à l’image de leur cœur rempli de tristesse et d’inquiétude. Ils ne pensent pas aux paroles que Jésus leur avait dites à plusieurs reprises quand il leur annonçait sa mort et sa résurrection. Ces paroles, ils n’avaient pas su les entendre. Ce qu’il leur disait ne leur semblait pas possible. Nous aussi, nous sommes parfois comme eux. C’est le cas lorsque, devant les difficultés, nous nous mettons à broyer du noir. Nous avons tous besoin de demander au Seigneur qu’il vienne réveiller et de raffermir notre foi.

Et c’est vrai que pour témoigner du Christ ressuscité, il faut la force de l’Esprit Saint. C’est ce qui s’est passé le jour de la Pentecôte. Les apôtres n’ont plus peur d’aller au-devant de ceux-là même qui avaient fait mourir le Christ. Ils ont l’audace d’annoncer : “Jésus est vivant… Dieu l’a ressuscité… Il a été exalté… Il est monté au ciel…” Et plus tard, saint Paul ajoutera : “Il vit par la puissance de Dieu.” Quand ils écriront les récits des apparitions, ils emploieront des mots différents, mais ce sera toujours avec la même conviction : “Jésus est vivant.” Ils témoigneront sans crainte de leur foi en Jésus Christ ressuscité. Rien ne pourra les en empêcher, ni la persécution, ni la torture ni la mort.

Nous, chrétiens d’aujourd’hui, nous croyons à la résurrection du Christ parce que les disciples y ont cru. Nous faisons confiance à leur témoignage. Leur vie et celle de millions de chrétiens a été totalement bouleversée et transformée par cet événement. C’est une grande joie pour chacun de nous et tous les chrétiens d’entendre que la mort n’a pas le dernier mot. En ce matin de Pâques, nous sommes tous invités à nous associer à cette joie et à la chanter. Oui, “Seigneur Jésus, tu es vivant, en toi la joie éternelle.”

Cette joie que le Christ ressuscité met en nous, il nous faut la rayonner et la communiquer autour de nous. Comme les apôtres et de nombreux témoins qui ont suivi tout au long des siècles, nous sommes envoyés pour annoncer cette bonne nouvelle dans le monde entier. Le Seigneur compte sur nous pour être porteurs de vie et de joie. Ils sont nombreux ceux et celles qui luttent contre la maladie, la souffrance physique ou morale, le désespoir. Ils ont besoin de nous pour retrouver le goût de vivre. Notre attention et notre amitié ne doivent pas oublier ceux et celles que la vie écrase. Un accueil, un pardon donné, une main tendue pour remettre debout peuvent provoquer un miracle de renaissance. Et, à travers tout cela, une parole qui témoignera de notre foi les aidera à rencontrer le Christ ressuscité.

Les apparitions de Jésus ressuscité (9-11)
Jésus est apparu à Marie Madeleine. Elle part l’annoncer aux apôtres. Mais ils n’arrivent pas à y croire. La foi s’est lentement et péniblement imposée à eux comme venant de Dieu.

Dernière apparition de Jésus (14-20)

Nous avons ici la dernière apparition de Jésus ressuscité à ses disciples. Pendant quarante jours, il s’est manifesté à eux pour leur donner sa paix et raffermir leur foi. Aujourd’hui c’est, l’envoi en mission : Allez dans le monde entier proclamer la bonne nouvelle à toute la Création ; celui qui croira et sera baptisé sera sauvé ; celui qui ne croira pas sera condamné” (Mc 16. 15-16)

On ne peut être témoin de la résurrection de Jésus sans être envoyé. Toute personne qui a vécu une vraie rencontre avec lui devient missionnaire. La bonne nouvelle de l’Évangile doit être proclamée au monde entier. C’est notre mission et notre responsabilité. Jésus envoie ses apôtres pour répandre l’Évangile, éveiller à la foi et baptiser.

Mais en y regardant de près, nous voyons bien que ces hommes sont loin d’être prêts pour cette mission. À plusieurs reprises, Jésus leur reproche leur incrédulité et leur dureté de cœur. Au dernier moment, nous voyons bien qu’ils n’ont rien compris. Ils pensent que Jésus va maintenant rétablir la Royauté en Israël. Il leur faudra du temps pour comprendre que la Royauté du Christ n’est pas de ce monde. Pour cette grande mission, il fait appel à des incrédules qui ont aussi à se convertir. C’est important pour nous car il ne faut pas attendre d’avoir une foi parfaite pour annoncer Jésus Christ. Si c’était le cas, il n’y aurait pas beaucoup de missionnaires.

Après l’Ascension, c’est le temps de l’Église qui commence. Jésus est à la fois absent et présent. Il est absent en ce sens qu’on ne peut pas le saisir. On ne peut pas le voir avec nos yeux, ni le toucher avec nos mains ni l’entendre avec nos oreilles. Mais en même temps, il reste intensément présent aux hommes. Il n’est pas en face de nous ni à côté. Il est à l’intérieur de nous, dans notre intimité profonde. Et il nous précède dans le cœur de tous ceux et celles qu’il met sur notre route. Comme les apôtres, nous sommes tous envoyés pour témoigner de Jésus ressuscité ; mais le principal travail, c’est lui le fait dans le cœur de ceux et celles qui entendent sa Parole.

Saint Marc nous dit que cette conversion sera accompagnée de signes extraordinaires : ” “En mon nom, ils chasseront les esprits mauvais ; ils parleront un langage nouveau ; ils prendront des serpents dans leurs mains, et, s’ils boivent un poison mortel, il ne leur fera pas de mal ; ils imposeront les mains aux malades, et les malades s’en trouveront bien.” Face à la résurrection du Christ, le mal ne fait plus le poids ; il ne peut avoir le dernier mot. L’invocation de son Nom devient source de Salut. Là où l’Évangile est annoncé, la puissance de Dieu est à l’œuvre. Elle est toujours agissante. C’est un appel à l’espérance pour les prêtres, les catéchistes et toutes les personnes engagées dans la pastorale.

C’est important car trop souvent nous ne voyons que ce qui meurt, les églises qui se vident, l’abandon de toute pratique religieuse, les scandales qui éclaboussent l’Église. Nous oublions une chose : les très fortes gelées de cet hiver n’ont pas empêché le printemps d’arriver. Il en est de même dans l’Église. Il est important de bien voir tout ce qui germe et tout ce qui est signe d’espérance et de vie. Les chrétiens qui redécouvrent l’Évangile et s’engagent dans la mission sont den plus en plus nombreux.

Depuis l’Ascension, le Christ n’est plus visible à nos yeux. Mais le monde doit pouvoir contempler son visage à travers nous, entendre son message à travers nos paroles et nos vies. Et surtout, ils doivent découvrir en nous quelque chose de l’amour passionné de Dieu pour tous les hommes. Il est important que notre cœur soit de plus en plus accordé à son infinie tendresse pour tous les hommes. Alors, ne perdons pas une minute. C’est à chaque instant que nous avons à rayonner de cette lumière qui vient de lui.

“Allez donc, de toutes les nations faites des disciples, baptisez-les au nom du Père, et du Fils et du Saint Esprit ; et apprenez-leur à garder tous les commandements que je vous ai donnés.” Plus que jamais, l’Église a besoin de notre attachement au Seigneur. C’est en communion avec le pape, nos évêques et tous les chrétiens que nous pourrons être de vrais témoins du Christ ressuscité. Nous ne sommes pas envoyés vers les bons chrétiens mais vers tous ceux et celles qui ne connaissent pas le Christ. Il est “le Chemin, la Vérité et la Vie”. C’est par lui et avec lui que notre vie sera aussi une ascension vers le Père.