Chapitre 12

Vignerons meurtriers (12, 1-12)
Ces vignerons dont parle Jésus ont oublié qu’ils ne sont que de simples gérants. Or voilà qu’ils se comportent comme des propriétaires. Ils gardent pour eux toute la récolte du vignoble. En racontant cette parabole, Jésus s’adresse aux grands prêtres, aux scribes, aux pharisiens. Les uns et les autres vivaient comme s’ils étaient les propriétaires de la vigne. Tout au long de l’histoire, ils se sont montrés particulièrement odieux. Ils sont même allés jusqu’à tuer le fils du propriétaire. Il faut se rappeler que Jésus raconte cette parabole quelques jours avant sa passion et sa mort.

Cette parabole de Jésus prend les allures d’un avertissement : Ce qu’il faut bien comprendre c’est que le seigneur nous donne beaucoup. Les bien qu’il nous remet ce sont ceux de son Royaume ; il nous a confié une Bonne Nouvelle dont nous devons témoigner ; il fait de nous ses enfants. Il met à notre disposition d’immenses richesses spirituelles. Il a mis sur notre route des frères et sœurs à aimer. Si nous ne sommes pas fidèles à cette mission, elle sera confiée à d’autres. Quant à nous, nous aurons des comptes à rendre.

Il est important que tous puissent venir puiser dans les évangiles les paroles qui font vivre et qui redonnent l’espérance. En accueillant le pardon de Dieu, ils apprendront à aimer comme le Christ a aimé. Le vrai bonheur se trouve seulement dans l’amour et le service. Pour comprendre cela se vers le Christ que nous devons regarder. Il n’est pas venu pour être servi mais pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude. Il n’a pas cherché à profiter des dons du Père à son seul avantage. Il a toujours suivi le chemin de l’amour et du service. Jésus nous propose ce chemin et nous le rend possible dans le don de l’Eucharistie.

En tant que chrétiens baptisés et confirmés, nous sommes envoyés pour témoigner de l’Évangile. Mais nous ne devons pas oublier que nous ne sommes que les canaux de la grâce du Seigneur. Il compte sur nous pour que le Salut de Dieu atteigne tous ses enfants. C’est pour nous un appel à éliminer de notre vie toutes les tendances égoïstes qui bloquent l’action du Seigneur. La sainteté c’est être transparent à la lumière qui vient de Dieu en vivant de sa vie.
Demandons au Seigneur qu’il nous aide à être responsables du don qu’il nous a confié ! Qu’il mette en nous un peu de cette ardeur qui poussait les apôtres et les missionnaires à voguer vers les grands larges ! En communion les uns avec les autres et avec toute l’Église, nous faisons nôtre cette prière d’action de grâce :
« Tout vient de toi, ô Père très bon:
Nous t’offrons les merveilles de ton amour. »

Dieu et César (13-17)

Ce récit nous montre des gens absolument opposés entre eux qui se mettent d’accord pour tendre un piège à Jésus. « Est-il permis, oui ou non de payer l’impôt à César ?  » Le piège est imparable : S’il répond oui, il est discrédité aux yeux du peuple qui souffre de la domination de l’occupant romain. S’il répond non, on pourra l’accuser d’être un agitateur et le faire arrêter. Dans les deux cas, il sera vraiment mis hors circuit.

Mais Jésus ne se laisse pas piéger. Sa réponse est sans appel ; tout d’abord, il dénonce leur hypocrisie. En utilisant la monnaie de l’empereur, il y a longtemps qu’ils ont répondu à leur question. Mais surtout, il ramène les choses à leur juste niveau. La pièce de monnaie que ses adversaires lui ont présentée portait la marque de César. Il est donc normal qu’ils lui rendent ce qui lui est dû. Mais la marque que nous portons est d’un tout autre ordre : c’est celle de Dieu. Au jour de notre baptême, nous avons été marqués de la croix du Christ. C’est une marque indélébile qui oriente toute notre vie.

Rendre à Dieu ce qui lui est dû, c’est d’abord s’imprégner de son amour, c’est l’accueillir dans notre vie. Cette espérance qu’il met en nous, c’est comme une lumière qu’il faut communiquer au monde entier. Nous ne devons pas être de simples consommateurs de la foi. Nous sommes tous appelés à être des acteurs et des constructeurs de la communauté chrétienne ; c’est dans ce monde tel qu’il est que nous avons à témoigner de la bonne nouvelle de l’Évangile. Beaucoup le font au péril de leur vie. Mais rien ne peut empêcher la Parole de Dieu de produire du fruit.

Chaque fois que nous célébrons l’Eucharistie, nous voulons rendre au Seigneur ce qui lui revient. Nous lui offrons tous les actes de foi, d’espérance et de charité qui émaillent de nos vies et de celles de tous nos frères. Avec lui nous nous engageons à tout faire pour que l’amour l’emporte sur la haine et la violence. Sois avec nous, Seigneur, pour que l’Évangile soit annoncé dans le monde entier. Amen

Dieu des vivants (18-27)
La foi en la résurrection est au cœur de l’Évangile. Elle en est même l’élément central. Et pourtant, ils sont nombreux ceux et celles qui ont du mal à y adhérer, même parmi les chrétiens. L’Évangile de ce jour atteste que cela n’allait pas de soi dans le judaïsme de l’époque. Les pharisiens l’acceptaient. Mais les Sadducéens plus conservateurs, l’ont toujours refusé parce qu’elle n’était pas inscrite dans la loi de Moïse. Ils allaient même jusqu’à la tourner en dérision.

Les deux groupes, pharisiens et sadducéens interrogent Jésus pour le mettre dans l’embarras. Dans sa réponse, Jésus cite le livre de l’Exode : Dieu se présente à Moïse comme « le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob ». Ces trois patriarches sont morts depuis longtemps. Mais Jésus en conclut que Dieu n’est pas le Dieu des morts mais celui des vivants.

Voilà cette bonne nouvelle qui nous est rappelée en ce jour. À la suite des patriarches et de bien d’autres croyants, nous sommes tous appelés à cette vie nouvelle que Jésus appelle le Royaume de Dieu. Ce monde nouveau n’est pas la continuation de celui dans lequel nous vivons actuellement. Il est tout autre. Il y a une rupture radicale ente la vie actuelle et la vie de ressuscité. L’important c’est de faire confiance à celui qui a dit : « Je suis la résurrection et la Vie… Celui qui croit en moi vivra éternellement. »

Ce trésor de la résurrection, nous ne pouvons pas (nous ne devons pas) le garder pour nous. Il nous faut le transmettre, le crier au monde entier. Au-delà de la mort, nous serons vivants en Dieu. Cette espérance doit nourrir notre prière. N’oublions jamais le Dieu des vivants. Il nous appelle tous à partager sa vie dès maintenant.

Tu aimeras (28-34)
Quel est le premier de tous les commandements ? Cette demande est très importante. Il s’agit de bien repérer le commandement que nous devons suivre avec la plus grande attention, la plus grande générosité et la plus grande fidélité. C’est aussi une question difficile. Dans la Bible, on trouve 613 préceptes. Ils ont été résumés en 10 commandements. Mais celui que Jésus met en avant n’est pas dans la liste des dix. Ces derniers sont principalement des interdictions ; ils posent des limites : « Tu n’auras pas d’autre Dieu que moi… Tu ne commettras pas de meurtre… Tu ne porteras pas de faux témoignage… » ces interdictions sont importantes. En les transgressant, on se met en dehors de l’amour de Dieu.

Mais des commandements négatifs ne peuvent suffire à orienter notre vie de façon positive. Quand on éduque un enfant, on ne lui montre pas seulement ce qui est interdit. On s’efforce de lui montrer un idéal de vie. Pour notre vie chrétienne, c’est la même chose. Il nous est demandé de ne pas tuer, de ne pas voler, de ne pas porter de faux témoignage. Mais tout cela ne peut suffire à constituer un idéal de vie. C’est pour cette raison que Jésus nous ramène vers l’essentiel : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit et de toute ta force. Et voici le second : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Il n’y a pas de commandement plus grands que ceux-là. »

La Bible nous révèle un Dieu qui fait alliance avec les hommes. Il est celui qui fait sans cesse le premier pas vers nous. Mais rien ne se passera si nous ne faisons pas le second vers lui. Malheureusement, quand nous regardons autour de nous et en nous, nous voyons bien que Dieu est souvent le grand oublié. On vit facilement sans lui et en dehors de lui. Et quand nous regardons les journaux et la télévision, nous voyons tous les jours des actes de violence. Sur nos routes, des hommes, des femmes et des enfants sont victimes de l’inconscience de certains. D’autres souffrent à cause des guerres, du racisme, des conflits familiaux, de la faim, de l’exclusion. Le Christ est présent à travers celui qui n’en peut plus d’être harcelé. C’est tous les jours qu’il est jeté à la rue. Nous devons le reconnaître en celui qui meurt de faim, de froid et surtout de manque d’amour.

Le Christ veut donc nous apprendre à voir tous nos frères et sœurs avec le cœur même de Dieu. Célébrer l’Eucharistie c’est communier à l’amour du Christ pour le Père et pour chaque être humain. C’est se mettre en disposition d’aimer. En ce jour, nous te prions Seigneur : Envoie ton Esprit qui renouvelle la face de la terre. Amen

Qui est Jésus ? (35-37)

Les scribes enseignent que le Messie est fils de David. Or le psaume 110 indique que c’est le Contraire. Cela semble dire qu’il est inférieur à David. Ce dernier ne parle pas de son fils mais de son Seigneur. Le Seigneur a dit à mon Seigneur : “Siège à ma droite jusqu’à ce que j’aie placé tes ennemis sous tes pieds !”

En lisant cet Évangile, nous sommes amenés à nous poser la question : Qui est Jésus pour nous ? Comment pouvons-nous le présenter à quelqu’un d’autre ? Il sera toujours bien au-delà de tout ce que nous pourrons dire de lui. Un jour l’apôtre Pierre a fait cette belle profession de foi : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant… » Mais pour le connaître vraiment, il faut passer du temps avec lui. Il faut être en relation profonde.

L’offrande de la veuve (38-44)
Jésus est assis en face du trésor et il observe les gens qui déposent leurs offrandes. Il voit des riches qui donnent beaucoup, et c’est très bien. S’ils ont beaucoup c’est normal qu’il donne beaucoup. Mais voilà qu’arrive une veuve très pauvre. Elle n’a rien mais elle donne tout. Nous pouvons imaginer qu’elle devait avoir honte de ne donner que deux que deux petites pièces. Mais sans le savoir elle a attiré l’attention de Jésus : « cette pauvre veuve a mis dans le trésor plus que tous les autres… Elle a donné tout ce qu’elle possédait, tout ce qu’elle avait pour vivre. »

Quand Marc écrit son Évangile, le temple de Jérusalem n’existe plus. La situation historique a changé. En nous racontant cet événement, l’évangéliste a voulu rappeler aux chrétiens ce regard de Jésus sur la discrète générosité. Il alerte les chrétiens de tous les temps contre le désir de paraître. Ne soyez pas comme les scribes qui « agissent pour être vus ».

C’est très important pour nous aujourd’hui. Nous recevons souvent des appels à la générosité. La question nous est posée : sommes-nous capables d’accomplir une action généreuse sans chercher à nous mettre en avant ? Jésus nous recommande de ne pas attendre des témoignages de considération et de reconnaissance. Lui seul connaît vraiment ce qu’il y a dans le cœur de chacun.