« Hosanna ! » C’est un des rares mots de la langue de Jésus que notre liturgie latine conserve. En chantant Hosanna, au cœur de la prière eucharistique, nous reprenons l’acclamation de la foule qui chantait ainsi lorsque Jésus descendit, juché sur un âne, le mont des Oliviers.
Cette acclamation vient directement du psaume 117 par lequel le peuple de Dieu accueille et demande que soit béni un chef militaire de retour au Temple après une victoire.
Ce mot hébreu est justement traduit par la traduction liturgique : Donne, Seigneur, donne le salut ! Ce cri liturgique est donc, tout à la fois, une louange et une supplication. L’histoire du peuple de l’Alliance permet de savoir que notre Dieu est le Dieu qui nous sauve ; et nous l’acclamons pour cela. Mais pour cette même raison, nous lui demandons, nous le supplions, qu’il déploie encore sa puissance, aujourd’hui et demain.
Cet Évangile est lu le dimanche des rameaux. L’essentiel, c’est la marche avec le Christ, à qui nous disons notre foi par cette antique acclamation, qui est un mot hébreu, Hosanna, et qui signifie : « Dieu, donne le salut, donne la victoire ! » Cette acclamation, nous la connaissons bien, puisqu’elle fait partie du chant « Saint, saint, saint est le Seigneur ».
Par cet évangile, Jésus entraîne notre assemblée avec lui ; notre marche vers l’église (ou vers l’autel) représente la longue marche du peuple de Dieu, entraînant l’humanité, dans le souffle de l’Esprit Saint, pour construire la Jérusalem nouvelle.
Quand, dans l’Évangile, nous voyons Jésus avoir faim, s’approcher d’un figuier à une époque où ce n’est pas la saison des fruits et le maudire, il y a de quoi s’étonner. Mais n’est-ce pas une réponse à nos questionnements ? Tous, enfants, jeunes, adultes, vieillards, nous sommes créés par Dieu pour porter constamment des fruits. La Parole du Christ qui se poursuivra en fin d’évangile avec le figuier desséché, n’est-ce pas un avertissement du Seigneur de ce qui risque de s’effectuer dans une vie sans amour. Il a faim d’amour !
Son action violente contre ceux qui, jusque dans le Temple, ne songent qu’à bien profiter de la vie présente pour garnir leur bourse, prolonge notre réflexion. Jésus s’est assimilé lui-même au vrai Temple de Dieu : « détruisez ce Temple, je le relèverai en trois jours », annonçant sa mort et sa résurrection. Il ne veut pas que la maison de Dieu soit une maison de brigands et de trafics, d’où son action pour garder au Temple de pierre, lieu de rencontre de la communauté de ses disciples, sa signification de « maison de prière ».
Mais tout homme, s’il ne l’est déjà, est appelé à devenir une maison de prière, c’est à dire une maison remplie de l’amour de Dieu et de tous ses frères humains. Découvrir la foi en Dieu, découvrir l’Amour en sa plénitude, voilà ce qui doit pénétrer le cœur de tous les humains et leur donner le sens de leur destinée.
Quelle belle tâche attend le cœur de tous les disciples de Jésus, tous les chrétiens ! Bien entendu ils peuvent être ceux ou celles qui ont plutôt besoin d’être chassés de son Église par leur comportement de vie sans fruits. Heureusement ils ont possibilité – et c’est notre devoir – d’être de ceux et celles qui savent répandre la bonne odeur de l’Évangile avec ses fruits spirituels d’éternité.
Ayons foi en Jésus, vivant, ressuscité, en son Esprit d’amour qu’il nous communique pour aimer nos frères, savoir pardonner et nous conduire au Père pour un bonheur sans fin. St Justin, martyr de sa foi au 2ème siècle a su ouvrir à Rome une école de catéchistes. L’Église en cherche aujourd’hui pour éduquer la foi des enfants, des jeunes et de bien des adultes. Elle embauche sans obligation de diplômes tout en sachant que notre intelligence, comme notre foi et notre amour, peut aussi se développer. N’ayons pas peur, l’Esprit de vérité saura nous aider !
« Par quelle autorité fais-tu cela ? Ou bien qui t’a donné autorité pour le faire ? » La question posée à Jésus vient du contexte pharisien qui est le sien. La tradition juive veut, en effet, que l’on ne dise rien de soi avant de s’être référé à ses maîtres. La nouveauté ne peut jaillir que de la tradition reçue et transmise. Or Jésus est le seul rabbi qui ne commence pas ses enseignements par les références habituelles aux maîtres, lesquelles assurent que l’autorité de l’enseignement prononcé vient de Moïse lui-même, premier maillon de la chaîne de transmission. Jésus parle de lui-même, de sa propre autorité, et cela ne manque évidemment pas de choquer.
La réponse qu’il adresse aux pharisiens qui l’interrogent n’est cependant ni une échappatoire ni un chantage. « Je vais vous poser une seule question. Répondez-moi, et je vous dirai par quelle autorité je fais cela. Le baptême de Jean venait-il du ciel ou des hommes ? Répondez-moi. » En se référant à la personne de Jean, qui lui aussi enseignait, Jésus pose la question de l’origine commune de tous les enseignements. Si toute autorité vient de Moïse par les maîtres, il ne faut pas oublier que c’est de Dieu que viennent les Dix Paroles qui ont été remises à Moïse au Sinaï. La véritable autorité vient de ces Paroles Divines autrement dit de Dieu lui-même. Par sa réponse, Jésus induit donc son être et sa messianité divine.
En renvoyant à la figure de Jean-Baptiste, Jésus interpelle ses interlocuteurs sur un autre point. La référence aux maîtres n’est, en effet, pas seulement un gage de vérité. Elle est de l’ordre du témoignage : c’est sur la simple parole d’un rabbi qu’on a accès à celle de ses maîtres. En évoquant le baptême de Jean, Jésus rappelle le rôle déterminant de ce dernier dans la reconnaissance de Celui qui devait venir en acceptant d’être son témoin. Le quatrième évangile insiste tout particulièrement là-dessus notamment lorsqu’il ouvre le cycle de Jean-Baptiste par ces mots : « Et voici quel fut le témoignage de Jean… » (Cf. Jn 1, 18).
Contrairement à Jean-Baptiste, les grands prêtres et les anciens ne témoignent pas, bien qu’ils se réfèrent à leurs maîtres. Ils tiennent la vérité captive. Ce qu’ils cherchent, ce n’est pas l’avènement de la vérité, mais la préservation de leur pouvoir. Pour ce faire, ils se montrent prêts à taire la vérité, à ensevelir la parole dans le mutisme.
Devant leur refus de faire la vérité en eux-mêmes, Jésus va s’esquiver : il ne dira pas « de quelle autorité » il a chassé les vendeurs du Temple, puisque ses interlocuteurs ont fait la preuve qu’ils ne veulent pas entendre.
Ainsi, faire advenir la Parole de Dieu, le Verbe éternel, dans nos vies suppose que nous ayons renoncé à tenir captive toute vérité qui ne servirait pas nos projets. Inutile de nous revendiquer de Jésus si nous ne nous disposons pas à l’accueillir.
« Seigneur, puissions-nous à l’exemple de Jean-Baptiste choisir la voie de l’écoute qui permet l’accueil de l’Esprit de vérité. Puissions-nous, comme lui, choisir l’humilité qui est oubli de soi pour te recevoir tel que tu te présentes à nous et non pas tel que nous voudrions que tu sois. Ton irruption dans nos vies nous dérangera toujours. Mais bienheureux celui qui accepte de laisser débusquer au fond de lui les ruses du vieil homme, il pourra communion à la vrai vie. »
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