Ce récit nous ramène à une situation bien précise de l’histoire. Le peuple d’Israël vit sous l’occupation romaine. Beaucoup souffrent de la famine et de l’oppression. Il fallait lutter pour survivre. C’est précisément là que Dieu intervient. Il ne s’adresse pas aux dignitaires qui vivent dans le temple ou dans les palais richement dorés mais à un homme tout simple. Il s’appelle Jean et il vit dans le désert.
Le même Dieu nous adresse sa parole aujourd’hui. Mais pour l’entendre, il nous faut, nous aussi, aller dans le désert ; ce désert, ce n’est pas le Sahara : aller au désert c’est sortir de l’agitation ou du bruit du monde pour trouver des lieux de silence ; c’est prendre du recul par rapport à toutes ces campagnes publicitaires qui nous envahissent chaque jour. C’est dans le silence et le recueillement que nous reconnaîtrons la voix du Seigneur.
« Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers. Tout ravin sera comblé, toute montagne et toute colline seront abaissées ; les passages tortueux deviendront droits, les chemins rocailleux seront aplanis… » Ce chemin du Seigneur, nous avons à le préparer dans notre vie, notre paroisse, notre monde. Et pour y parvenir un grand déblayage s’impose. Sur les chantiers, on utilise un bulldozer. Notre bulldozer à nous, c’est la prière. C’est elle qui nous ouvre à Dieu et aux autres.
Une route, ça se construit avec des tunnels et des ponts. Hâtons-nous de raser les montagnes de notre orgueil et de notre vanité. Jetons des ponts vers ceux qui nous entourent. Creusons des tunnels pour rejoindre ceux dont tout nous sépare. Autrement dit, il s’agit de faire œuvre d’unité, de paix et de réconciliation. Il s’agit de tout faire pour nous rapprocher de ceux qui nous entourent.
Une route enfin, ça se goudronne. Par notre amour sans cesse renouvelé, nous allons dérouler le tapis rouge et fleuri pour le Seigneur qui vient à nous pour nous combler de son amour. Il vient à nous par cette Parole de l’Évangile qui est une Bonne nouvelle. Il est présent dans cette Eucharistie qui nous rassemble. Il veut aussi nous rejoindre dans notre vie de tous les jours. Alors oui, disposons-nous à vraiment l’accueillir avec tout notre amour. C’est à ce prix que « tout être vivant verra le salut de Dieu ».
Dans ce récit, nous retrouvons Jean Baptiste qui annonce la venue de Celui qui apporte la « consolation au monde ». « Moi, je vous baptise dans l’eau, mais il vient Celui qui est plus puissant que moi… Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et le feu » (Luc 3, 16). L’Esprit Saint est l’artisan principal du baptême chrétien. Il est Celui qui brule et détruit le péché du monde ; il nous libère de la domination des ténèbres et du péché. Il nous transfère dans le Royaume de Lumière qui est celui de l’amour et de la paix.
C’est cela que nous découvrons dans le baptême de Jésus. Il rejoint ce peuple de pécheurs qui viennent accomplir un geste de pénitence. Les uns et les autres étaient invités à se convertir. Jésus n’avait pas de péché à se faire pardonner. Mais s’il entre dans l’eau du Jourdain, c’est pour rejoindre ce monde pécheur qu’il est venu chercher et sauver. Il nous rejoint au plus bas dans l’abîme de la perdition, dans l’horreur de notre iniquité et de notre déchéance. Tout ce péché qui nous accable, il le prend sur lui pour nous en libérer.
Cet événement nous apporte un éclairage nouveau sur la différence entre le baptême de Jésus et celui que nous avons reçu : au jour de son baptême, Jésus a été plongé dans le péché du monde ; il l’a entièrement pris sur lui pour nous en libérer. Pour nous chrétiens, c’est le contraire : nous avons été immergés dans cet immense océan d’amour qui est en Dieu, Père, Fils et Saint Esprit. Nous sommes devenus un avec Dieu. Le baptême chrétien nous donne le Christ pour passer avec lui de la mort à la vie, du péché à la sainteté, de l’angoisse à l’amour.
C’est aussi à chacun de nous que la voix du Père se fait entendre : « Tu es mon enfant bien aimé. Voilà une parole que nous devons nous répéter inlassablement : nous sommes tous les enfants bien-aimés du Père. Il nous aime tous tels que nous sommes. Désormais, plus rien ne peut être comme avant dans notre vie ; nous retrouvons une assurance nouvelle, une nouvelle manière de nous tenir debout et d’exister.
C’est aussi une responsabilité : au jour de notre baptême, nous sommes entrés dans une grande famille qui s’appelle l’Église ; l’autre est aussi enfant de Dieu, tout comme moi ; et je dois en tenir compte dans mes rapports avec lui. C’est un appel à réagir contre la violence, contre la misère et contre tout ce qui dégrade l’homme. Il reste beaucoup à faire pour instaurer le règne du Christ dans nos villages, nos quartiers, nos lieux de travail et de loisir. Nous sommes tous envoyés pour construire un règne de paix et de justice, un règne de vérité et d’amour. Et que chacun puisse s’entendre dire : « Tu es mon enfant bien-aimé. Tu fais toute ma joie. »
Généalogie de Jésus (23-38)
La généalogie selon Luc s’insère entre la scène du baptême de Jésus et celle de sa tentation au désert. Elle fait remonter de façon ascendante la lignée de Jésus à Adam et même à Dieu ; elle commence par Jésus (3:23). Chez les juifs des premiers siècles, les généalogies servaient à justifier des droits ou des dignités. Chez Luc, elle montre les liens qui unissent le Christ non seulement au peuple Juif mais aussi à toute l’humanité. Le salut qu’il est venu apporter est offert à tous les hommes.