Vers l’Épiphanie

Où est leur étoile ?

Maintenant ils sont là, avec beaucoup d´autres travailleurs migrants, venus de toutes les régions du Brésil, perdus dans la forêt, abrités sous une bâche. Ils ne reçoivent aucun salaire, aucun argent, boivent l’eau sale d’un ruisseau, là même où trainent et boivent les bestiaux.
Ils mangent de la viande quand un bœuf tombe mort de maladie. Ils travaillent toute la journée, de l’aube au crépuscule, dans la chaleur, à abattre les arbres et couper les repousses des taillis, sous la surveillance d’hommes armés.

Pendant trois mois, ils ont survécu à cette servitude. Ce soir, allongés dans leurs hamacs, ils regardent à nouveau, par les trous de la bâche, le ciel étoilé. Où donc est leur étoile ? C’est vrai : chacun d’entre nous a une étoile ! Où est l’étoile du jeune garçon, leur compagnon de 17 ans qui, moins surveillé, a réussi à s’enfuir pour tenter d’alerter les autorités ? Il est parti au milieu de la nuit avec le peu d’argent et le casse-croute qu’ils ont réussi à préparer pour lui. Où est-il maintenant ? Est-il seulement vivant ? A-t-il échappé aux hommes armés qui se sont lancés à sa poursuite dès le jour suivant ?

La nuit s´en est allée, l’aube est apparue, le soleil s’est levé. Déjà au boulot, dans la forêt, occupés à déboiser, ils entendent soudain un bruit de moteurs. Surgissent alors trois camionnettes 4 x 4 au bout de la piste, rugissant. Ils sont venus ! Les policiers fédéraux sautent de leurs véhicules, arme au poing. Il y a aussi des inspecteurs du Ministère du Travail, un procureur de la République, un commissaire de la police fédérale.

Libres, on est libres !

Sur la banquette arrière de la camionnette, caché sous un capuchon, un jeune garçon, effrayé. C’est le jeune Sébastien ! C’est lui qui a prévenu les autorités et leur a montré le chemin, bien compliqué, pour arriver jusque-là !

N’est-ce pas une étoile qui avait conduit les Mages dans la nuit ?

Sébastien avait marché toute la nuit dans les bois, au milieu des bruits de la forêt, effrayé par les serpents, les jaguars, les crocodiles, buvant l’eau au ruisseau, s’orientant avec cette étoile de la Croix du Sud, comme le lui avaient enseigné ses compagnons plus âgés. S´il la suivait sans s´arrêter, il ne se perdrait pas et arriverait, tôt ou tard, à une route.

N’est-ce pas une étoile qui avait conduit les Mages dans la nuit jusqu´à la crèche de l’Enfant Jésus ?

Le jeune Sébastien a suivi son étoile avec la même confiance. Parfois il la perdait, dans l’obscurité totale de la forêt dense et fermée, puis il la retrouvait dans une clairière, tout joyeux ! Il a beaucoup marché. Beaucoup, beaucoup. Il a trébuché, il a chancelé, il est tombé.

Il s’est allongé un peu sur le sol. Il a regardé le ciel. Il se sentait si petit dans l’immensité de ces myriades d’étoiles au firmament, si perdu dans cette forêt sans fin, si fragile.

Mais l’enfant-Jésus n’était-il pas aussi une toute petite chose, très fragile, dans cette nuit de Noël, dans la crèche ? N’est-ce pas dans la faiblesse de l’être humain et de notre vie, que se manifeste la puissance de l’amour de Dieu ?

Sébastien a mangé un bout du casse-croute de ses compagnons. Ils attendaient tant de lui ! Il a retrouvé de la force. Il a cherché son étoile au firmament, s’est levé et s’est remis en marche.

« Un Royaume d’Amour, de Justice, de Solidarité et de Paix »

L’aurore est arrivée, le soleil est apparu. Il est arrivé à une piste de terre. Où aller ? À gauche, à droite ? Il a attendu, attendu ! Un vieux camion est arrivé. Il s’est arrêté. Sébastien est monté dans la cabine, à côté du chauffeur. Ils ont roulé et, après un long silence, le chauffeur s’est arrêté, a regardé le garçon et a demandé : « Tu t’es enfui d’une ferme ? » Tremblant de peur, il a répondu : « Oui ». « Bien, mets-toi derrière, dans la benne, et cache toi bien sous la bâche, en dessous des marchandises. Cache toi bien parce que, sur la piste, un peu plus loin, il y a un groupe d’hommes armés qui arrêtent et inspectent tous les véhicules. » Sébastien s’est caché et le camion est reparti.

Quelques kilomètres plus tard, des hommes armés ont arrêté le camion, regardé dans la cabine, parlé au chauffeur et l’ont laissé repartir. Plus tard, le chauffeur a appelé Sébastien à la cabine. Ils ont roulé tout l’après-midi et sont arrivés à la nuit dans la ville de Tucumã. Le conducteur a quitté Sébastien au Syndicat des Travailleurs Ruraux. Là ils ont pris contact avec la Commission Pastorale de la Terra (CPT) qui a mis en branle les autorités afin d´organiser une opération pour libérer les 150 travailleurs qui étaient là-bas, dans la brousse, maintenus en situation d’esclavage.

C’était de nouveau la nuit, l’étoile qui avait conduit Sébastien brillait de nouveau dans le ciel. C’était la même étoile que celle qui avait conduit les Mages jusqu´à la crèche de l’Enfant-Jésus, celui là même qui vient pour libérer les opprimés et annoncer le Royaume d’Amour, de Justice, de Solidarité et de Paix.

Père Henri Burin des Roziers, Noël 2014

===============================

Les mains de Marie

Si l’or, l’encens et la myrrhe sont bien offerts à Jésus, c’est Marie qui reçoit les présents des mains des mages et qui dit à son fils, comme toutes les mamans du monde lorsque leur enfant reçoit un cadeau : Regarde ce qu’on t’offre ! »

Marie est celle qui nous introduit à Jésus. Elle est médiatrice auprès de lui. Quand nous voulons offrir quelque chose à Dieu, ayons soin de l’offrir par les mains de Marie. Le Curé d’Ars disait un jour : « Lorsque nos mains ont touché des aromates, elles embaument tout ce qu’elles touchent ; faisons passer nos prières par les mains de la Sainte Vierge : elle les embaumera. »

(D’après l’almanach du chrétien 2005)

===============================

Le 4ème mage : Lire