La prière que Dieu aime
En ce temps-là,
à l’adresse de certains qui étaient convaincus d’être justes
et qui méprisaient les autres,
Jésus dit la parabole que voici :
« Deux hommes montèrent au Temple pour prier.
L’un était pharisien,
et l’autre, publicain (c’est-à-dire un collecteur d’impôts).
Le pharisien se tenait debout et priait en lui-même :
“Mon Dieu, je te rends grâce
parce que je ne suis pas comme les autres hommes
– ils sont voleurs, injustes, adultères –,
ou encore comme ce publicain.
Je jeûne deux fois par semaine
et je verse le dixième de tout ce que je gagne.”
Le publicain, lui, se tenait à distance
et n’osait même pas lever les yeux vers le ciel ;
mais il se frappait la poitrine, en disant :
“Mon Dieu, montre-toi favorable au pécheur que je suis !”
Je vous le déclare :
quand ce dernier redescendit dans sa maison,
c’est lui qui était devenu un homme juste,
plutôt que l’autre.
Qui s’élève sera abaissé ;
qui s’abaisse sera élevé. »
© AELF
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Méditation
Voici donc ce publicain qui monte au temple pour prier. Il n’ose pas lever les yeux au ciel. Il se frappe la poitrine en disant : « Mon Dieu, prend pitié du pécheur que je suis ! » Et là, il ne dit que la stricte vérité. Il reconnaît qu’il a fait beaucoup de torts aux autres. Mais ce qui est important c’est qu’il est vrai devant Dieu. C’est cela qui nous est demandé : Être vrai devant le Seigneur, c’est reconnaître notre précarité. Voilà la vraie prière. Quand cet homme repartit chez lui, « il était devenu juste. »
A l’opposé, nous avons le pharisien, un homme qui mérite largement sa bonne réputation. Il est fidèle à la loi. Il jeûne deux fois par semaine. Il pratique l’aumône. Il cherche vraiment à plaire à Dieu. Tout ce qu’il dit dans sa prière est sûrement vrai. Mais il y a un problème : la démarche de cet homme n’est pas vraiment une prière. C’est une contemplation satisfaite de lui-même. Il n’a besoin de rien. Il ne prie pas. Il se regarde. Il fait le compte de ses propres mérites et il en a beaucoup.
Or, le Dieu de la Bible ne raisonne pas ainsi. Il n’est pas un juge ni un patron qui récompense les uns et les autres en fonction de leurs mérites. Son amour est totalement gratuit et sans mérite de notre part. Le publicain a reçu bien plus qu’il n’attendait parce qu’il était ouvert au pardon de Dieu. Quant au pharisien, il n’a rien reçu parce qu’il n’attendait rien.
Alors la question se pose : De quel côté sommes-nous ? Cette question nous est posée à chacun personnellement. Nous n’avons surtout pas le droit de nous servir de ce texte pour l’appliquer aux autres. Il y en a parfois qui se servent des versets de la Bible pour dénoncer l’hypocrisie des autres. Cette attitude est une insulte grossière à Dieu qui est amour. Nous avons tous plus ou moins à nous faire pardonner notre orgueil, notre suffisance, notre manière parfois de mépriser les autres et de vouloir leur faire la leçon.
L’idéal aurait été que ces deux hommes, si opposés entre eux, se mettent ensemble pour faire monter leur prière vers Dieu : Prends pitié des pécheurs que nous sommes… Prends pitié de moi qui ai fait du tort aux autres… Prends pitié de moi qui me crois supérieur aux autres… Prends pitié de nous qui sommes fâchés entre nous… Et le Seigneur aurait dit : « Quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là au milieu d’eux. » En nous rapprochant de lui, il nous rapproche aussi des autres. Il nous apprend à les voir et à les aimer comme des frères et des sœurs.
Par notre prière, nos paroles, notre manière d’accueillir l’autre, de faire la paix avec lui, nous témoignons d’un Dieu Amour, d’un Dieu qui veut le salut de tous les hommes. L’apôtre Paul, qui était un pharisien converti, avait bien compris qu’il fallait s’en remettre totalement à Dieu car lui seul peut nous sauver. Devant lui, l’homme n’est jamais un juste; il est un justifié. Il n’est pas gracieux mais gracié. Le pardon du Père est toujours possible pour celui qui se reconnaît pécheur. Pour Dieu, il n’y a pas de situation désespérée. C’est de cette Bonne Nouvelle que nous avons tous à témoigner.