Saint Paul

La vie de Paul se divise en deux parties à peu près égales :

Pendant 30 ans, il est un farouche opposant des chrétiens. Puis, après la rencontre de Jésus sur le chemin de Damas, il devient chrétien. C’est alors un missionnaire infatigable qui fonde des communautés sur tout le bassin méditerranéen et qui écrit à ses chrétiens.

Paul le pharisien irréprochable

Paul est né à Tarse, en Asie Mineure (région de l’actuelle Turquie), une ville universitaire de plus de 300 000 habitants. Dans cette ville, il se trouve au carrefour de deux civilisations :
En tant que juif, il est pharisien ; il a fait ses études bibliques auprès de Gamaliel, un des plus grands maîtres de son temps.
Il a en même temps reçu de ses parents le titre de citoyen Romain. Son double nom, Saoul (nom juif qui signifie « celui qui est questionné ») et Paulos (nom grec) indique son appartenance aux deux civilisations.

En tant que pharisien sincère, Paul n’a qu’une passion : servir Dieu en pratiquant minutieusement la loi. Dès lors, il est affolé par la prédication de Pierre et de ses amis. Lui qui a fait des études théologiques très poussées se rend compte que cette prédication va bouleverser le judaïsme. Et il va tout faire pour l’éradiquer.

Ces nouveaux prédicateurs, il ne peut les supporter. Ce Jésus qu’ils annoncent a été à juste titre condamné comme un blasphémateur par les autorités. Or voilà que Pierre et ses amis le mettent sur le même plan que Dieu lui-même. Pour lui, c’est intolérable. Il lui faut à tout prix préserver l’intégrité de la foi. Il décide donc de dénoncer et combattre cette nouvelle secte. Il approuve la mort d’Étienne et part à Damas pour y pourchasser les disciples de ce dernier qui s’y sont réfugiés. Dans les synagogues, il ne manque pas une occasion de dénoncer ceux qui se réclament du Christ. Il use de sa force de conviction pour ramener ces derniers à une juste vision des choses, celle de la loi. Il ne peut pas accepter que des hommes puissent avoir un rapport avec Dieu qui passe par un autre chemin que celui de la Loi. Le Christ est pour lui le rival qu’il faut absolument éliminer pour que soit sauvegardée la gloire de Dieu

La conversion

C’est là sur le chemin de Damas que le Seigneur glorifié se manifeste à lui. Pour lui, c’est un renversement radical :
Ce Jésus que Pierre prêchait avait été condamné par la Loi. Il était « maudit par Dieu » qui n’avait rien fait pour le sauver. Pour Paul, c’était terminé. On ne devait plus en parler.
Mais voilà que Paul fait une découverte extraordinaire. Il se rend compte que Dieu a glorifié ce « maudit ». Cela signifie qu’il se déclare en plein accord avec lui. Et cela veut dire aussi que Dieu condamne cette loi qui a condamné Jésus. Désormais, cette loi n’est plus rien.
Pour Paul, c’est le sens même de sa vie qui s’écroule. On comprend pourquoi il reste trois jours prostré et aveuglé à Damas. Il fait le bilan de tout ce qui est par terre. Mais dans ce bilan douloureux, Jésus s’est installé. C’est ainsi que Paul pourra dire : « Ma vie c’est le Christ. »

Théologie de Paul.

Justifié par la foi
En tant que pharisien, Paul croyait être justifié par la pratique loyale de la loi. Il pensait que tout ce qu’il faisait le rendait juste devant Dieu. Désormais, il découvre que seul le Christ peut rendre juste (juste = saint). L’important n’est pas de « faire » son Salut mais de le recevoir gratuitement de la main de Dieu. En adhérant de tout son être au Christ, en lui faisant confiance, on est sauvé par lui, on est rendu « juste » (saint).
Cela ne signifie pas qu’il suffit de croire et de se conduire n’importe comment. Si on croit en Jésus, si on l’aime, on essaie de vivre en conséquence. Nos œuvres ne sont pas faites pour forcer l’autre à nous aimer mais parce qu’on se sait aimé.

« La grâce de Dieu »
Cette expression devient un mot clé de la théologie de Paul. Il découvre qu’il est aimé gratuitement et sans mérite de sa part. Dieu ne nous aime pas parce que nous sommes bien mais pour que nous le devenions

Jésus Christ crucifié.
Le maudit de la croix est glorifié. Paul cherche à comprendre : Si Dieu l’a glorifié, c’est que cette mort entrait dans son projet. Jésus n’a pas été condamné pour ses péchés mais à cause des nôtres. C’est aux pieds de la croix que Paul se découvre pécheur. Mais c’est un pécheur gracié et pardonné.

L’Église corps du Christ.
Sur le chemin de Damas, Paul entend Jésus lui demander : « Pourquoi me persécutes-tu ? A travers cette question, il découvre l’union intime entre Jésus et ses disciples. Le message de Paul aura donc une orientation nouvelle : « Par la foi et le baptême, vous avez revêtu le Christ. Vous êtes devenus son Corps. Vivez en conséquence. »

Apôtre de Jésus Christ.
Tout comme les autres apôtres, Paul ne peut pas ne pas annoncer l’Évangile de Jésus Christ. Paul est avant tout un missionnaire. Il est toujours à la recherche d’auditeurs à qui communiquer la Bonne Nouvelle du Salut. Nous le rencontrons aussi bien dans la synagogue que sous les portiques de la ville ou sur la place publique. Il s’adresse tantôt à ses frères de race, tantôt aux grecs, aux hommes et aux femmes, aux esclaves et aux hommes libres. A travers sa correspondance, nous ressentons sa sollicitude pour toutes les Églises.

Quand on se sent aimé d’un tel amour, on n’a qu’une envie : c’est de le faire connaître au monde. Et nous ?

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Plan des lettres de Paul

A l’époque de Paul, toutes les correspondances avaient un plan bien précis. Paul utilisera le même plan pour ses lettres :

1. Adresse : On commençait « Untel à untel, salut… » Dans chacune de ses lettres, Paul se nomme ainsi que ses collaborateurs.

2. Une prière : Les correspondants de l’époque continuaient leur lettre par une brève prière aux dieux. Paul rend grâce à Dieu pour tous ses bienfaits.

3. Corps de la lettre : Celles de Paul Comportent habituellement deux parties
– Doctrine : Paul développe un point de doctrine important ou mal compris des chrétiens.
– Exhortations : Paul tire les conséquences pratiques de la doctrine qu’il vient de rappeler. La morale ou la façon de se conduire résulte de cette doctrine

4. Salutations : Paul termine en donnant des nouvelles de ses collaborateurs, en saluant les chrétiens. Il conclut toujours par une brève formule de bénédiction.

Chacun peut reprendre les diverses lettres de Paul et y retrouver ce plan.

Une précision : La Lettre aux hébreux n’est pas de Paul mais d’un de ses disciples.

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Les lettres de Paul

Le message de saint Paul est d’abord oral. Il comporte des discours, des enseignements, des échanges. Les lettres apparaissent au grès des déplacements de l’apôtre. Elles deviennent nécessaires car il lui faut répondre aux problèmes des communautés qu’il a fondées.

Dans nos bibles, toutes les lettres de Paul sont rassemblées à la suite du livre des Actes des Apôtres. Elles sont classées par ordre de grandeur décroissante. Celle qui est adressée aux Romains est la plus longue. Elle est donc la première de la liste. Viennent ensuite les deux lettres aux Corinthiens, la lettre aux Galates, la lettre aux Colossiens, puis les deux lettres aux Thessaloniciens. Quatre sont adressées à un individu, deux à Timothée, une à Tite et un billet à Philémon.

Ces lettres sont les premiers écrits du Nouveau Testament. Elles sont antérieures aux évangiles. La première aux Thessaloniciens est le premier écrit chrétien. Elle est datée du début des années 50.

Pour Paul, ces lettres sont d’abord un moyen de communiquer avec les communautés chrétiennes qu’il a fondées. Elles sont souvent destinées à préparer sa venue ou à régler des problèmes comme si l’apôtre était là. Ce sont des écrits de circonstance. Il n’avait pas du tout prévu qu’ils seraient publiés. Chaque lettre est destinée à être lue aux chrétiens de la communauté. Rappelons-nous que nous sommes en pays de tradition orale. La mise par écrit permet de sauvegarder l’oral. Paul écrit pour témoigner de Jésus Christ et de son Évangile.

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Les deux lettres aux Thessaloniciens.

Après avoir quitté la ville de Philippe, Paul se rend à Thessalonique. il y demeure environ trois mois. Conformément à son habitude, il se rend à la synagogue pour y annoncer le Christ. Cette prédication n’est pas appréciée de tous. Paul rencontre de sérieuses difficultés de la part des juifs, et même des menaces sérieuses. C’est pour cette raison qu’il quitte précipitamment Thessalonique. Quelques temps plus tard, il rédige une lettre puis une seconde pour les chrétiens de cette communauté.

Les deux lettres aux Thessaloniciens sont les plus anciens écrits chrétiens. Ce sont les premières que Paul a écrites à une communauté d’Europe installée en Macédoine (Nord de la Grèce). Sylvain et Timothée sont ses coexpéditeurs. Paul s’adresse dans un style plein d’affection à cette communauté qu’il a fondée. Il veut les réconforter et les aider à faire face aux pressions dont ils sont victimes. Il cherche à soutenir leur foi, notamment dans leur attente du retour du Christ.

Les Thessaloniciens sont des gens qui ont abandonné leurs idoles. Mais ils continuent à vivre dans un univers culturel douteux. Paul veut les arracher à tous ces dangers venant du monde païen. Il exhorte la communauté à vivre fraternellement dans la sainteté.

Un thème revient souvent dans les écrits de Paul : le retour du Christ à la fin des temps. Les Thessaloniciens sont dans l’attente toute proche du jour du Seigneur. Paul les encourage sur ce sujet et les réconforte au sujet de la situation de ceux qui sont morts. Pour parler de ce retour du Seigneur, Paul emploie le terme de « Parousie » ; C’est un mot grec qui signifie « Entrée ». C’est ce mot qui était utilisé pour parler de l’entrée triomphale de l’empereur dans sa ville.

On trouve également dans ces deux lettres de Paul une première ébauche de réflexion sur le ministère de l’apôtre. Il consiste essentiellement à prêcher la Parole avec assurance et fidélité, authenticité et désintéressement.

Quelques pistes de réflexion pour éclairer notre vie chrétienne.

Chacun peut relire ces deux lettres en étant attentif aux points suivants :
Dieu a un projet d’amour : Relever toutes les réflexions qui en font état. Dieu réalise ce projet par Jésus Christ.

L’accueil de la Parole est foi, espérance et charité (Relever les verbes et les adjectifs).
La foi est l’accueil de la Parole.
L’espérance est attente
La charité : la vie chrétienne est amour et vie en Christ.

C’est l’Esprit qui consacre et sanctifie : Relevez les passages où on parle de lui.

L’Église est la communauté de ceux qui ont répondu à l’appel du Christ. Elle n’est pas un groupe de gens qui se choisissent mais des gens qui sont choisis par Dieu et qui ont répondu à son appel. Quelles conséquences pour nous aujourd’hui ?

Tout cela est l’œuvre de la grâce de Dieu et suscite chez les croyants l’action de grâce.

La vie chrétienne est aussi, pour le chrétien, relation avec chacune des personnes de la Sainte Trinité.

Voilà, tout n’est pas dit au sujet de ces deux lettres, loin de là. L’important c’est que nous les lisions et les relisions en essayant d’être attentifs à quelques uns de ces aspects. Les écrits de Saint Paul ont été une nourriture pour de nombreuses générations de chrétiens. Ils le seront aussi pour nous… si nous le voulons bien. Bonne lecture

(A suivre…)