Cet évangile de la Nativité, nous le connaissons bien parce que nous l’entendons chaque année. Tout y est si beau, si simple et si grand. Le Dieu transcendant, qui est au-dessus de tout, se fait tout proche. Pour mieux se faire accepter, l’amour se fait tout petit dans les bras d’une maman, ou couché dans une mangeoire. C’est une scène inépuisable qu’on ne se lasse pas de contempler.
Puis, il y a ce message de l’ange : “Je vous annonce une grande joie : Aujourd’hui, vous est né un Sauveur, qui est le Seigneur.” Cette bonne nouvelle n’a pas été annoncée aux grands de ce monde mais à des petits, des pauvres, des exclus, à ceux qui en avaient le plus besoin. Les bergers faisaient partie de cette catégorie. Ils ont été les premiers bénéficiaires de cette bonne nouvelle annoncée aux pauvres. Pour eux, c’est le point de départ d’une grande joie. Ce mot “joie” devrait nous prendre tout entier. De fait, c’est un mot du ciel, une réalité qui n’est vraie que si elle est perçue en Dieu. C’est cette joie qu’il veut nous faire partager dès la naissance de son Fils parmi nous. Jésus se présente à nous comme la porte ouverte pour accueillir la joie et la vie de Dieu. Vivre Noël, c’est accueillir en notre vie le Sauveur que Dieu nous donne.
Jésus Sauveur, voilà les mots lumières de ce temps de Noël. D’ailleurs c’est bien ce Jésus Sauveur venu pour nous et pour notre salut qui dit le mieux la totalité de l’amour qui est en Dieu. Cet amour Sauveur vient à nous dans la pauvreté d’un nouveau-né. Sauver quelqu’un c’est éloigner un péril, c’est le tirer d’un danger où il risquait de périr. L’acte de sauver s’apparente à la protection, à la libération, au rachat, à la guérison. Nous n’aurons jamais fini de redécouvrir toutes les facettes de cette action de Dieu Sauveur. Nous la trouvons tout au long de la Bible. Jésus se présente à nous comme celui qui apporte le Salut. Il ne vient que pour cela.
Quarante jours après Noël, Jésus est présenté au Temple. Tous les parents qui faisaient cet acte d’offrande de leur fils premier né. Ils montraient que leur enfant appartenait à Dieu seul. Mais cet événement nous apporte une grande révélation sur le mystère de Jésus. En effet, elle nous montre le vieillard Siméon annonçant que Jésus sera la Lumière des Nations. Nous pouvons imaginer la joie et la fierté de Marie et Joseph qui viennent faire cette démarche. Imaginons aussi la joie de Marie quand elle entend : « Mes yeux ont vu le salut que tu as préparé à la face des peuples. »
C’est ainsi que Jésus est présenté comme la Lumière qui vient éclairer les nations païennes. Avec lui, c’est la bonne nouvelle qui est annoncée aux pauvres, aux exclus et à tous ceux qui ne comptent pas aux yeux du monde. C’est cette joyeuse nouvelle que nous découvrons tout au long des évangiles. Et au moment de quitter les apôtres, le Christ ressuscité leur a confié la mission de la transmettre au monde entier pour qu’elle illumine toute l’humanité.
C’est ainsi que le Christ nous est présenté aujourd’hui comme la gloire d’Israël. Et ce qui est extraordinaire, c’est que ce sont des pauvres qui sont les premiers à faire cette merveilleuse découverte. Cela n’a été possible que parce que ces gens tout simples attendaient la venue du Messie. Siméon était persuadé qu’il allait venir très prochainement.
Siméon et Anne n’ont pu avoir cette merveilleuse intuition que parce qu’ils étaient des priants. Anne passait la majeure partie de son temps à jeûner et à prier. Tous deux étaient vraiment à l’écoute de l’Esprit Saint.
Le christ nous est présenté comme la Lumière. Oui, mais la lumière ça peut aveugler. La lumière éclaire, mais parfois elle dérange. Elle montre ce qui n’est pas beau dans nos vies. Et lorsque cela arrive, elle est parfois rejetée. C’est ainsi que Siméon annonce que cet enfant sera un signe de contradiction, qu’il sera rejeté et que les hommes auront à prendre parti pour ou contre lui.
Tout cela nous renvoie à la manière dont nous accueillons cette nouvelle qui vient de Dieu. Le Christ est-il vraiment notre lumière ? Nous risquons peut-être de picorer ce qui nous arrange dans l’évangile et de rejeter ce qui nous dérange. Cet événement nous provoque à revenir à l’essentiel : accueillir cette lumière qui vient de Dieu et devenir lumières pour tous nos frères.
La scène qui nous est rapportée aujourd’hui est la seule que l’on connaisse sur la petite enfance de Jésus. Cette scène doit être vraiment importante pour que ce soit la seule que Marie ait rapportée à l’évangéliste. Cet évangile a été écrit bien après la résurrection. C’est à la lumière de Pâques qu’elle en comprendra vraiment le sens.
A l’heure où Marie et Joseph repartent de Jérusalem pour regagner Nazareth, Jésus ne les rejoint pas. Il s’attarde dans le temple. Ce n’est pas un caprice d’enfant ni une étourderie mais une décision volontaire et réfléchie. Il veut montrer que dans le Temple, dans la maison de Dieu son Père, il est aussi chez lui. Avant d’être le fils de Marie, il est d’abord le Fils de Dieu son Père.
Nous comprenons tous l’angoisse de Marie et Joseph. L’enfant a pu être enlevé par des brigands ou être victime d’un accident. Comme tous les parents dont un enfant a disparu, ils craignent le pire. Pendant trois jours, ils vont le chercher inlassablement et ce n’est que le troisième jour qu’ils le retrouvent au Temple, assis au milieu des docteurs de la loi.
Dans l’anxiété qui l’oppresse, Marie ne peut cacher sa douleur : « Pourquoi nous as-tu fait cela ? » Et c’est là que nous entendons la réponse de Jésus: « Ne saviez-vous pas que je dois être chez mon Père ? » Il leur montre qu’il est entièrement consacré au service de son Père. Dès son plus jeune âge, il en est le parfait adorateur. Il fait passer sa mission avant toute autre considération même d’ordre familial. Marie et Joseph ont dû faire un cheminement difficile pour adhérer au mystérieux projet de Dieu sur leur fils. Pour eux, cela prend l’allure d’une adhésion dans la nuit.
Cet évangile nous renvoie à notre vie chrétienne et à la place que nous donnons à Dieu. Il nous rappelle, tout comme à Joseph, que tout doit être subordonné à Dieu, que Dieu doit être le premier servi. Dieu compte sur chacun de nous, là où nous sommes; il ne veut pas que des considérations d’ordre familial ou matériel ou nous empêchent de lui donner la première place dans notre vie.
L’évangile de ce jour nous renvoie donc à la fidélité du Christ : Plus tard, devenu adulte, Jésus s’arrachera à sa famille pour rejoindre celle des hommes. Pendant trois ans, il va lui parler de son Père. Passionné de son amour pour son Père, Jésus veut nous faire partager cette passion.