Nuit de Noël

Nativité du Seigneur – Messe de la nuit
24 décembre 2021
(Année Luc – C)

 

Tournés vers le Christ,
venez accueillons-le !

Conte de Noël
Un Noël pas comme les autres au phare de la lanterne
Il y a bien longtemps, au début du siècle dernier, Mathieu était gardien de phare. Son phare était beau, bien bâti sur un minuscule îlot rocheux, au milieu de la mer. Il venait d’être électrifié, ce qui facilitait la tâche. Il était beau ce phare qui, par temps ensoleillé, se mirait dans la mer étincelante, et qui, au moment des tempêtes faisait front au vent déchaîné ! Mathieu en était fier. Il le choyait avec amour, chaque jour, durant son mois de garde. Bien sûr, il faisait le ménage avec beaucoup d’attention, mais surtout il veillait à la propreté du miroir parabolique et de la lentille de Fresnel capable d’éclairer la mer sur plusieurs kilomètres. Tout devait être impeccable et fonctionner parfaitement car il savait que la sécurité des marins dépendait de lui, la nuit. La qualité de son travail leur permettait de rentrer sains et saufs au port. Mathieu n’était jamais seul. Il partageait sa mission avec Adrien qui était devenu, au fil des années, comme son jumeau indispensable.

Ils terminaient leur service en cette fin du mois de décembre. La météo qui avait été capricieuse leur laissait entrevoir des jours difficiles. Tous les deux s’étaient préparés à vivre Noël sur leur rocher, en pleine mer, loin de leurs familles respectives. Ce 24 décembre avait bien commencé. Après le travail d’entretien habituel, Mathieu s’était rappelé que son épouse avait déposé dans son sac une crèche pour qu’il puisse fêter Noël à sa manière. Elle avait même ajouté une petite lampe avec un litre d’huile et un mot plein de tendresse : « Tu l’allumeras le soir de Noël et tu penseras à nous ! » Il avait donc fait sa crèche avec beaucoup d’attention et allumé la lampe pendant que son ami faisait une dernière inspection du phare.

Voilà qu’en début d’après-midi, le ciel s’était noirci et le vent avait commencé à se lever. La mer s’était mise à grossir et à s’agiter, en prenant la couleur des mauvais jours ! Une tempête s’annonçait sous de mauvais auspices ! Les deux hommes s’étaient regardés, d’un air grave, en sachant que cette nuit de Noël risquait d’être très difficile. Un peu avant la nuit, ils avaient allumé la lanterne. Dieu merci, tout avait l’air de bien fonctionner ! Par habitude, ils avaient vérifié la porte d’entrée et la porte du sommet du phare. La tempête se déchaînant, avec un vent de plus en plus violent, ils avaient redoublé de vigilance, sachant que la vie de dizaines de marins dépendait d’eux. Leurs visages étaient marqués par l’anxiété !

Ils avaient raison d’avoir peur, car subitement, le drame s’était invité : la lampe puissante du phare s’était éteinte ainsi que toutes les autres lumières du phare ! C’était la pire chose qui pouvait arriver à des gardiens de phare ! Se ressaisissant, les deux gardiens avaient entrepris de chercher les lampes à pétrole de réserve. Comble de malheur, en faisant cette recherche à la lumière d’une bougie, Adrien était tombé, se faisant une grosse entorse à la cheville ! C’était la panique ! Tout reposait désormais sur Mathieu qui, plus que jamais, se mettait à penser à tous les marins qui, sur la mer déchaînée, allaient chercher à voir la lumière du phare, ultime salut pour eux ! Heureusement, la lampe de son épouse, allumée près de la crèche apportait un peu de réconfort !

Après avoir pris des nouvelles de son ami et l’avoir installé sur son lit métallique, il s’était empressé d’aller devant le miroir parabolique disposer une grosse lanterne à pétrole. Il l’avait allumée avec un ouf de soulagement en sachant que cette humble lumière pourrait sauver des vies. Il savait qu’il pouvait faire tourner le miroir autour de la flamme de la lampe pour balayer la mer d’un rayon lumineux, discret, mais néanmoins salvateur. C’était un travail difficile, mais nécessaire !

Régulièrement, il allait vers Adrien pour lui prodiguer quelques soins avec les moyens du bord, lui offrant un bon  »grog » et des tisanes. Toute la nuit, dans le bruit assourdissant des vagues et du vent, il avait assuré un minimum de fonctionnement du phare et une délicate attention à son ami blessé ! Il n’avait pas cessé de faire le va-et-vient.

Durant cette veillée particulière, Mathieu avait pensé à sa famille, à sa femme et à ses enfants qui, tous, devaient être présents dans la petite église du village, chantant la naissance de Jésus avec les autres villageois. Dans cette épreuve inattendue, sa petite lampe allumée près de sa crèche le reliait à tous ceux qu’il aimait !

Sans s’en rendre compte le temps s’était écoulé, si bien qu’épuisé comme son ami Adrien, il s’était endormi à la naissance du jour, le devoir accompli. Il n’entendait plus le bruit de la tempête et n’avait plus d’angoisse. Il était heureux d’avoir peut-être évité des catastrophes chez ses amis marins. Dans son sommeil, les chants de Noël résonnaient plus que jamais dans sa tête. Tout à coup, il se réveilla en sursaut, et ses yeux engourdis s’ouvrirent progressivement. Il aperçut de la lumière ! Il ferma les yeux et les ouvrit à nouveau. Cette fois, il ne rêvait pas : trois amis marins tenant des lanternes étaient près de lui et de son ami Adrien. Soudain, l’un d’entre eux entonna, avec une voix puissante, le chant de Noël qu’il avait fredonné toute la nuit : « Les anges dans nos campagnes ont entonné l’hymne des cieux ». Avec eux, conscient de revenir de loin, il s’était mis à chanter à tue-tête !

« Tu sais Mathieu, avait dit Gustave, l’un d’entre eux, on est là parce que ta femme, en sortant de la messe de minuit a vu une toute petite lumière venant de ton phare à la place de la lumière éclatante habituelle. Intriguée, elle est venue nous dire ses craintes, mais nous savions, déjà, qu’il se passait quelque chose car, nous aussi, en rentrant, dans la nuit, nous avions vu ta petite lumière vacillante, inhabituelle mais essentielle pour nous. Elle nous a sans doute sauvés ! C’est la plus belle lumière de Noël de notre vie. Alors nous sommes venus dès que la mer s’est calmée. » – « Merci mes amis, dit Mathieu, je comprends maintenant pourquoi on allume une petite lumière dans la crèche. Merci à mon épouse d’avoir pensé à mettre la petite lampe à huile dans mon sac pour la fête de Noël : sa lumière a été comme un signe.

Dans le pays, quelque part sur la côte assaillie par les vagues, on continue de raconter ce Noël particulier, véritable Noël de lumière, si proche après tout du premier Noël : fête de la Lumière révélée dans un petit enfant reposant dans une crèche. « Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière ! » (Isaïe 9,1).
Jean Le Rétif

Accueil
Nous savons que nous vivons dans un monde agité, marqué par les orages de toutes sortes, et la nuit, nous avons besoin d’une lumière, d’un phare, de veilleurs pour nous guider… Ce soir, dans le conte, nous avons pu découvrir comment chacun, chacune peut devenir veilleur, serviteur de la lumière pour les uns et les autres… Mais Noël, c’est encore bien plus que cela ! L’ange du Seigneur continue de nous dire : « Je vous annonce une Bonne Nouvelle, une grande joie pour tout le peuple, aujourd’hui vous est né un sauveur ! » Ce sauveur apparaît sous les traits d’un enfant, pauvre et fragile. Un petit enfant couché dans une mangeoire !
Oui, dans la foi, nous l’affirmons : Il est lumière de Dieu jaillissant dans la nuit de notre monde angoissé ! Il est jeunesse de Dieu dans un monde qui s’interroge sur son avenir ! Il est Paix de Dieu dans un monde déchiré… C’est Noël, accueillons Jésus, l’Emmanuel, avec joie, comme les bergers de Bethléem ! Laissons la grâce de sa naissance renouveler notre vie…

1ère lecture – Is 9, 1-6 : Un enfant nous est né, un fils nous est donné, c’est encore vrai aujourd’hui.

PSAUME 95

2e lecture – Tt 2, 11-14 : Oui, venez, accueillons-le. Il nous invite à faire du bien auprès de nos frères.

Évangile : Luc 2, 1-14

Homélie (proposition)
Textes bibliques : Lire
Cet évangile de Noël, nous le connaissons bien car nous l’entendons chaque année. Il ne faut surtout pas le recevoir simplement comme une belle histoire qu’on se plaît de raconter aux petits enfants. Dans ce récit, il y a en effet un message de la plus haute importance, une bonne nouvelle pour le monde entier. À travers ce petit enfant, c’est le Dieu transcendant qui se fait tout proche de nous. Il se fait tout petit dans les bras d’une maman ou couché dans une mangeoire. Il est « Emmanuel » ce qui veut dire « Dieu avec nous ».

Les premiers qui ont entendu cette bonne nouvelle, ce sont les bergers. Ils passaient la nuit dans les champs à garder leurs troupeaux. C’étaient des pauvres gens qui vivaient comme ils pouvaient avec de petits moyens. Et surtout, ils vivaient en marge de la société. Ils ne participaient pas au culte. Aux yeux des grands de ce monde, ils ne comptaient pas. Or voici que l’ange du Seigneur vient leur annoncer cette bonne nouvelle : « Aujourd’hui, vous est né un Sauveur ; il est le Messie, le Seigneur… vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire. » Dès le départ, l’évangile c’est la bonne nouvelle annoncée aux petits, aux pauvres et aux exclus.

Cette bonne nouvelle retentit aujourd’hui dans toutes les églises du monde entier : « Aujourd’hui, vous est né un Sauveur. » Malheureusement, ils sont de plus en plus nombreux ceux et celles qui ignorent l’origine de cette fête. On pense à tout, au sapin, au réveillon, aux guirlandes, mais on oublie l’essentiel. Nous chrétiens, nous savons que Noël c’est tout autre chose : L’important c’est de revenir au cœur de la foi et de retrouver Dieu qui se fait l’un de nous pour que nous soyons avec lui. C’est de cela que nous avons à témoigner dans le monde d’aujourd’hui.
Avec les bergers, nous sommes tous invités à nous rendre à la crèche. C’est là que notre Sauveur nous attend. Nous venons nous imprégner de la présence de Celui qui veut naître en nos cœurs. Nous accueillons cette lumière qui est en lui pour qu’elle transforme notre vie. Puis nous sommes envoyés pour la communiquer à tous ceux et celles que nous rencontrerons sur notre route. Cette présence et cet amour de Dieu c’est comme un trésor qu’il nous faut accueillir et partager. Nous ne devons jamais oublier que Noël c’est Jésus qui continue à venir pour nous et pour le monde entier.

Noël, c’est Jésus qui nous invite à travailler ensemble à la construction d’un monde plus juste et plus fraternel, un monde solidaire, un monde d’amour. L’important ce n’est pas d’abord de changer les structures, même si elles en ont bien besoin. Ce qui est premier c’est de changer nos cœurs, c’est de regarder ce monde avec le regard de Dieu qui est plein d’amour. Si nous avons bien compris cela, beaucoup de choses changeront.

« Chez les pauvres, Seigneur, tu établis ta demeure. Tu as choisi de venir chez ceux qui manquent de tout. Si plus rien ne compte, Seigneur, ni titre, ni office, ni distinctions ni relations, alors j’ai mes chances moi aussi. Viens, Seigneur, viens nous sauver. »

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Prière universelle
En cette nuit de Noël, sachons ouvrir notre prière aux intentions du monde.

Introduction
En cette nuit où le Fils de Dieu devient l’un de nous, prions en toute confiance.

Refrain
Dieu de tendresse, souviens-toi de nous ! (Y 55 – CNA 231-4)

Pistes pour les intentions.
Prions pour l’Église et les chrétiens : qu’ils ne cessent de proclamer à tous le message de la joie et de la paix de Noël.

Prions pour les responsables des nations : qu’ils travaillent à « établir solidement le droit et la justice, dès maintenant et pour toujours ».

Prions pour les parents qui attendent une naissance, et pour les enfants, surtout les pauvres et les souffrants : qu’ils se sachent aimés de Dieu.

Prions pour notre communauté et nos familles : que nos vœux de Noël soient sincères et invitent chacun »à danser de joie et à bénir le Nom du Seigneur ».

Conclusion
En cette nuit de Noël, entends nos prières, Seigneur, et, dans ta bonté, exauce-les. Aide-nous à accueillir l’amour que tu nous portes et à le répandre autour de nous. Nous te le demandons par Jésus, ton Fils, né de Marie, qui vit auprès de toi et au milieu de nous, pour les siècles des siècles. AMEN.