Le Baptême

Le baptême est le point de départ de toute vie chrétienne. Ce sacrement ouvre la porte à tous les autres. Nous sommes nombreux à avoir été baptisés quand nous étions petits bébés. Nos parents ont fait ce choix parce qu’ils estimaient que c’était le meilleur qu’ils pouvaient nous donner. Aussi, nous leur devons toute notre reconnaissance.

Mais il y a des enfants, des jeunes et des adultes qui ne sont pas baptisés et qui en font la demande. Nous sommes heureux de les accueillir et de les accompagner. Ils ont la chance de pouvoir préparer eux-mêmes leur baptême en lien avec une équipe. De plus, leur présence nous interpelle : Elle nous oblige à réfléchir sur notre baptême et sur la manière dont nous le vivons.

Être baptisé c’est recevoir une nouvelle identité.

Dans l’Église primitive, le rite du baptême marquait fortement les baptisés. Ce sacrement était donné au terme d’une préparation de plusieurs années pendant laquelle les candidats étaient initiés aux mystères de la vie chrétienne. Ils venaient d’un monde sans Dieu dont la vie n’avait aucun sens. Le baptême était pour eux le point de départ d’une rupture avec l’existence qu’ils avaient connue jusque là. Ils avaient le sentiment que c’est seulement par le baptême qu’ils commençaient à vivre vraiment. Tout ce qu’ils avaient connu jusque là était absurde et vide. C’était un monde décadent. Le sens de la vie était perdu. Leur seule préoccupation était la recherche effrénée des plaisirs et des fêtes et tout ce qui pouvait exciter les sens et la curiosité.

Le baptême était le point de départ d’une rupture avec toute cette agitation. Au cours de la cérémonie, ils renonçaient au mal et à l’absurdité d’une vie éloignée de Dieu. Le baptême était pour eux comme une nouvelle naissance . C’est un sacrement qui nous fait participer à la nature divine. Pour les premiers chrétiens, la rencontre avec Jésus était tellement fascinante que pour éprouver cette nouvelle qualité de vie, ils acceptaient de courir le risque de se mettre à sa suite. Le baptême nous arrache à une voie sans issue, à une voie de solitude. Il nous offre de participer à la nature divine. « L’homme n’est vraiment homme que lorsqu’il est avec Dieu. » (Alfred Delp)

Retrouver le sens du baptême

En étant administré aux petits enfants, le baptême a perdu de cette force évocatrice qui marquait la vie des premiers chrétiens. On a dit que ce sacrement délivrait l’enfant du péché originel, qu’il le transformait d’enfant païen en enfant de Dieu et qu’il le faisait entrer dans l’Église. Tout cela est vrai, mais il nous faudrait retrouver cette force de changement qui marquait la vie des premiers chrétiens.

L’enfant qui est présenté au baptême n’est plus seulement fils ou fille de ses parents. Il devient un être de nature divine en qui Dieu crée un nouveau commencement. C’est Jésus lui-même qui touche cet enfant et qui déverse en lui sa vie divine et son amour inconditionnel. Mais l’enfant n’est pas le seul concerné. Ce qui se passe concerne aussi toutes les personnes qui participent à cette célébration.

L’enfant n’est plus seulement l’enfant de ses parents. Il est enfant de Dieu. Il a une dignité divine. Il appartient à Dieu. Ce sacrement vient en aide à ses parents qui souvent craignent de mal faire. Le baptême nous rappelle qu’il est sous la main protectrice de Dieu ; la puissance de guérison du Christ est plus grande que celle de tous les mécanismes blessants qui marquent douloureusement notre vie.

Le meilleur moyen de retrouver le sens du baptême c’est de nous mettre à l’écoute de la Parole du Christ . Il nous faut laisser parler l’Évangile. A travers eux, c’est Jésus qui nous montre le chemin de la vraie vie. La Parole de Dieu est une nourriture pour notre route. Tout au long de la Bible, nous découvrons comment Dieu s’est révélé pour dire son amour au monde. Cette Parole est une lumière qui illumine toute la vie du baptisé.

Dire sa foi

Des parents demandent le baptême pour leur enfant, c’est au nom de leur foi. Mais celle-ci a besoin d’être approfondie et éclairée. Nous avons tous nos doutes, nos questions mais l’important c’est de nous mettre en recherche de Celui qui est la Lumière du monde. Nous avons été baptisés dans l’eau source de vie. Nous sommes également baptisés dans la foi de l’Église. C’est pour cette raison qu’il est demandé aux parents en quoi et en qui ils croient. Les échanges entre parents ou entre catéchumènes sont toujours très enrichissants

DES SYMBOLES

L’eau

N. Je te baptise au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit.

L’image de l’eau est l’image centrale du baptême. Les premiers chrétiens entraient nus dans le baptistère. Ce symbole était bien plus fort que les quelques gouttes sur le front de l’enfant. L’eau est à l’origine de toute vie.

Les sources et les fontaines sont, dans toutes les cultures, des lieux sacrés. Les gens se rencontrent à la fontaine. Certains y trouvent la femme de leur vie comme Moïse et Isaac. Hagar, répudiée par Abraham, retrouve le courage de vivre dans l’eau d’une source. Jésus rencontre la Samaritaine à la fontaine et il lui parle de cette eau vive qu’il lui donnera.

Les fonds baptismaux sont une fontaine de même nature. Nous y puisons l’eau qui devient en nous uns source intarissable. C’est l’amour de Dieu qui s’y déverse sur nous et qui, en nous, devient source inépuisable.

Notre soif la plus profonde va vers un amour qui ne finit jamais car il est alimenté par une source qui ne tarit jamais. C’est cet amour divin qui nous est offert à travers l’eau du baptême. Nous pourrons toujours en boire si notre amour humain est brisé, s’il s’effrite entre nos doigts.

L’eau de la purification

Dans toutes les religions et toutes les cultures l’eau a un pouvoir de purification et de renouvellement. L’eau du baptême nous purifie des fautes du passé et nous renouvelle afin que nous vivions en tant qu’hommes nouveaux.

En venant au monde, nous sommes marqués par des facteurs d’hérédité qui sont liés aux expériences subies par nos parents, grands parents et arrière-grands-parents. Tout cela est lavé par le baptême. Naturellement, cela n’a pas lieu d’une façon magique. Mais en versant l’eau sur la tête de l’enfant, nous pouvons considérer qu’il n’est pas condamné à reproduire la destinée de ses parents et grands parents. Il est ouvert à une vie neuve que Dieu veut mettre en œuvre en lui… L’au du baptême veut purifier, laver l’enfant de tout ce qui obscurcit l’image unique de Dieu dont il est l’expression.

Fécondité spirituelle.

L’eau est en outre l’image de la fécondité spirituelle. Le baptême nous rappelle qu’en nous coule une source qui ne nous laissera jamais dépérir ; c’est la source de l’Esprit Saint dans laquelle nous pouvons sans cesse puiser et où nous trouvons toujours de nouvelles inspirations. Si nous travaillons en puisant à cette source, nous ne manquerons jamais d’énergie. Nous travaillerons aisément, avec plaisir. La joie de vivre grandira en nous.

En finir avec ce qui nous empêche de vivre.

L’eau peut aussi avoir une puissance destructrice. Nous pensons tous à sa puissance dévastatrice dans les catastrophes liées aux inondations. Plonger dans le baptême, c’est comme plonger dans le tombeau du Christ pour y ensevelir tout ce qui nous empêche de vivre : notre identité bâtie sur l’appât du gain, du pouvoir, de l’apparence… C’est enterrer notre passé, qui jusqu’ici, nous a déterminés, enterrer nos blessures et nos maladies… C’est mourir à ce monde pour vivre comme des êtres neufs… Le nouveau baptisé est rétabli dans son être véritable, libéré des dépendances de ce monde.

Le Saint Chrême

N., tu es maintenant baptisés : Le Dieu tout-puissant, Père de Jésus, le Christ, notre Seigneur, t’a libéré du péché et t’a fait renaître de l’eau et de l’Esprit Saint. Désormais, tu fais partie de son peuple, tu es membre du Corps du Christ (et tu participe à sa dignité de prêtre, de prophète et de roi). Dieu te marque de l’huile du salut afin que tu demeures dans le Christ pour la vie éternelle.

TOUS : AMEN.

Le Saint Chrême est l’huile de l’onction royale. Dans le judaïsme, les prophètes et les rois en étaient oints. C’était le signe de la bénédiction divine et de l’autorité nouvelle qu’ils recevaient de Dieu. Cette huile, élaborée à partir de baume et d’aromates. En recevant l’onction, nous accédons à une nature royale, prophétique et sacerdotale ; la bénédiction de Dieu repose sur nous ; nous sommes imprégnés d’un parfum qui répand la vie et non le déchirement.

Par le baptême, nous sommes devenus des personnes royales, des êtres qui règnent sur eux-mêmes et qui ne sont dominés par personne, en paix avec eux-mêmes et donc dispensateurs de paix.

Un prophète parle avec franchise et fermeté ; toute sa vie exprime quelque chose qui ne peut être dit que par lui en ce monde. Chacun, par son existence personnelle, peut manifester un aspect de Dieu que lui seul possède… Chacun est une parole unique de Dieu, qu’il est le seul à pouvoir annoncer

Un peuple de prêtres (Ne pas confondre avec le sacerdoce ministériel) : Nous sommes consacrés prêtres par le baptême. Cela veut dire que nous avons accès à Dieu sans intermédiaire, qu’en nous-mêmes, nous pouvons relier Dieu et l’être humain. Le prêtre est celui qui transforme le terrestre en divin, qui fait transparaître Dieu dans tout ce qui est terrestre, qui trouve la trace de Dieu dans la réalité humaine.

Les cierges

« Recevez la lumière du Christ… C’est à vous, parents, parrain et marraine que cette lumière est confiée. Veillez à l’entretenir pour que cet enfant, illuminé par le Christ avance dans la vie en enfant de lumière et demeure fidèle à la foi de son baptême. Ainsi quand viendra le Seigneur, N. (prénom de l’enfant) pourra aller à sa rencontre dans son Royaume avec tous les saints du ciel. »

Au cours du baptême, le prêtre remet au baptisé un cierge qu’il a allumé au cierge pascal. Il signifie par là que chaque être humain est lumière pour ce monde. Le baptême nous révèle qu’avec chaque enfant c’est une nouvelle lumière qui éclot en ce monde. Les plus anciens avaient imaginé qu’avec chaque être humain naissait une étoile qui, dans le ciel nocturne, éclairait toute l’humanité. A travers tout homme, le ciel devrait devenir plus lumineux et plus chaud. C’est notre vocation la plus profonde que d’éclairer les yeux de nos semblables et d’apporter un peu de chaleur dans leurs cœurs transis.

A travers le baptême, c’est aussi l’enfant qui est illuminé ; il est irradié de l’éternelle lumière de Dieu. Le sacrement nous ouvre les yeux et nous percevons la réalité telle qu’elle est vraiment.

Le vêtement blanc

« N…. tu es devenu une création nouvelle dans le Christ; tu as revêtu le Christ; ce vêtement blanc en est le signe. Que tes parents et tes amis t’aident par leur exemple à garder intacte cette dignité de fils (fille) de Dieu, pour la vie éternelle. »

La remise du vêtement blanc a une portée hautement symbolique. Elle n’est pas seulement un acte extérieur; elle métamorphose l’être dans son entier, y compris son cœur. Par le baptême, nous sommes devenus autres. Nous avons acquis une nouvelle existence. Nous sommes remplis de l’esprit de Jésus qui nous illumine, comme le vêtement blanc éclaire le corps dont on l’enveloppe.

Quelques questions pratiques

Le baptême engage les parents à aider leur enfant à développer sa foi en lui parlant de Jésus et en lui apprenant à prier. Plus tard, ils vont l’inscrire à la catéchèse des tout petits puis au catéchisme.

La préparation au baptême est un lieu favorable pour aborder toutes les questions que se posent les parents. Chacun est accueilli tel qu’il est dans son cheminement personnel.

Si le premier-né n’est pas catéchisé, peut-on nous refuser le baptême du second ?

Effectivement cela arrive quelquefois. Ce refus est rude mais il n’est pas dépourvu de logique. Ou bien vous croyez que votre enfant a quelque chose à recevoir de Dieu et vous vous engagez par le baptême à l’encourager à s’ouvrir par ce don par l’éveil à la foi des petits et, plus tard, par le catéchisme… Ou bien vous n’y croyez pas trop et l’Eglise peut se poser des questions. Mais ne vous inquiétez pas, rien n’est fermé, et tout peut légitimement se résoudre dans le dialogue et la réflexion. Il ne s’agit pas d’un marchandage mais d’une cohérence.

Les grands parents peuvent-ils faire baptiser leur petit fils ou petite fille ?

Non. Même si les grands parents pensent que leurs petits enfants devraient être baptisés, c’est vous, parents, qui êtes responsables de votre enfant. Mais il n’est pas interdit aux grands parents de parler de Jésus à leurs petits enfants, de prier avec eux ou de les amener à la messe. Il peut arriver qu’un enfant de 7 ou 8 ans demande le baptême grâce au désir que ses grands parents ont fait naître en lui.

A quel âge faut-il faire baptiser notre enfant ?

Pour les parents chrétiens l’Eglise invite à faire baptiser leur enfant dès les premières semaines de la vie. C’est une manière de mettre en valeur que Dieu nous a aimés le premier. En outre, ce sera un moyen de fêter sa naissance et de célébrer l’amour que Dieu porte à cet enfant.

Pour les enfants de plus de 3 ans, il est conseillé d’attendre l’âge du catéchisme. Le baptême deviendra un choix de l’enfant. Les parents seront invités à être à son écoute, être disponibles et ouverts pour répondre à ses questions (avec l’aide des catéchistes) et à l’encourager.

Un adulte peut aussi demander le baptême. Ils s’y préparent avec des chrétiens pendant deux ou trois ans. Ils assimilent à leur rythme l’essentiel de la foi et découvrent ce qu’est l’Église. Ce baptême est célébré en quatre étapes. La dernière est célébrée au cours de la nuit de Pâques

L’inscription et la préparation

Il faut commencer par voir le prêtre de la paroisse ou un membre de l’équipe de préparation. Certaines paroisses organisent des permanences d’accueil.

Si vous pensez que le baptême est un acte important, vous trouverez normal que l’Église vous demande de vous arrêter quelques instants pour y réfléchir. Cette préparation prendra des aspects différents selon les paroisses. Mais ces rencontres sont toujours enrichissantes.

Lettre Pastorale de Mgr François Fonlupt, Évêque de Rodez : Revenir à la source de notre baptême, nous laisser conduire par l’Esprit. Lire la lettre