3ème dimanche du temps ordinaire (A)

Lumière sur le pays de l’ombre

« Dieu fait vivre celui qui vient à lui. Il n’est pas nécessaire d’être pur, d’être conforme, d’être digne, d’être brillant. Il suffit de se lever, d’aller vers lui et de dire : Me voici! J’ai faim! »
Charles Singer, Saisons, Desclée, p. 166.

Textes pour célébrer
Monition d’ouverture
Aujourd’hui, Dieu nous rassemble et nous partage sa Parole. Mettons-nous à son écoute afin que nous puissions aussi lui répondre par notre prière commune et toute notre vie.

Prière pénitentielle
Seigneur Jésus,
ta Parole nous éclaire et nous guide,
Seigneur prends pitié.

Ô Christ Jésus, ton Évangile nous interpelle
et, avec toi, nous transforme,
ô Christ prends pitié.

Seigneur Jésus, ton appel nous convoque
et, en toi, nous renouvelle,
Seigneur prends pitié.

LITURGIE DE LA PAROLE

1ère lecture Is 8, 23b-9,3 : Dieu n’oublie pas son peuple…

Psaume Ps 26, 1-4.13-14 :
Ma lumière et mon salut, c’est le Seigneur. Alléluia !

2ème lecture 1Co 1,10-13.17 :
An nom de Jésus qu’il n’y ait pas de division entre nous.

Acclamation :
Alléluia. Alléluia. Béni soit le Seigneur notre Dieu : sur ceux qui habitent les ténèbres, il a fait resplendir sa lumière. Alléluia.

Évangile Mt 4,12-23 :
Dieu ne cesse d’envoyer vers les païens.

Homélie
Textes bibliques : Lire
Les textes bibliques de ce dimanche nous parlent d’un monde compliqué qui a mauvaise réputation. C’est le cas des territoires de Zabulon et de Nephtali au Nord de la Galilée. Il faut savoir que c’est un lieu de passage proche des régions païennes. On l’appelle “Galilée des nations” parce qu’elle est influencée et contaminée par le monde païen. Mais le prophète réagit. Il annonce que ces territoires vont bénéficier, eux aussi, du salut que le Seigneur prépare. “Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière. Sur les pays des habitants de l’ombre, une lumière a resplendi.”

Or c’est là, dans ce lieu couvert de honte, que Jésus entreprend sa première évangélisation. Tout commence loin de Jérusalem, en plein cœur de ce monde bigarré, un monde païen où l’on ne cesse de s’affronter et de se diviser. Jésus lui-même se rend à Nazareth, une ville dont on se demande ce qu’il peut sortir de bon. Jean Baptiste l’a désigné comme l’Agneau de Dieu, celui qui fait “sauter” le péché du monde (P. Simon Faivre). Sa priorité va donc vers ceux qui sont le plus loin de Dieu, ces terres maudites, terres de péché et de ténèbres. Il vient habiter à Capharnaüm ; cette ville évoque encore aujourd’hui le plus sombre désordre.

C’est de la part de Jésus un défi lancé au péché et à Satan. Et c’est en même temps un acte de foi extraordinaire en l’homme. Il aurait pu se dire qu’au point où ils en étaient, il ne pouvait pas compter sur eux. Or c’est exactement le contraire qui se passe : il va jusqu’à choisir ses premiers collaborateurs, ses premiers responsables, parmi les habitants de cette région. S’adressant à Pierre et à André, il leur dit : “Venez à ma suite, je ferai de vous des pêcheurs d’hommes.” Il n’appelle pas des champions de la Bible ou de la liturgie mais des gens tout-à-fait ordinaires, des simples pêcheurs.

Il nous appartient d’en tirer les conséquences pour notre foi. La première, c’est que nous sommes tous appelés tels que nous sommes. Le Seigneur n’appelle pas les plus capables mais il les rend capables. Nous avons des témoignages de repris de justice et même des terroristes qui se sont convertis à Jésus Christ et qui témoignent tant qu’ils peuvent de cette rencontre avec lui. Tout l’Évangile nous montre qu’il est venu “chercher et sauver ceux qui étaient perdus”. C’est ce qui s’est passé pour Saul le persécuteur et bien d’autres.

La bonne nouvelle de l’Évangile est pour tous. Aucun être, aucune situation n’échappe à la proximité et à l’amour de Dieu. C’est pour nous un appel à changer notre regard sur les personnes et sur le monde. Trop souvent, nous avons un regard méfiant ou désabusé. Si nous voulons être disciples et missionnaires, nous devons nous tourner vers le Christ et nous laisser guider par lui. Il nous apprendra à accueillir chacun tel qu’il est, à lui faire confiance et à lui donner toutes ses chances. Nous sommes appelés à être “l’amour du Christ”.

Quand le pape François invite l’Église à aller vers les “périphéries”, il ne fait qu’actualiser ce qu’a fait Jésus. Le suivre c’est aller avec lui à la rencontre de toute l’humanité, c’est se rendre proche de chacun et surtout de celui qui vit à la marge. La tentation est grande de se dire : “À quoi bon ? Cela ne sert à rien.” Ce serait oublier que la mission n’est pas d’abord notre affaire mais celle du Seigneur. C’est lui qui nous envoie son Esprit saint. Il agit dans le cœur de ceux et celles qu’il met sur notre route. Sans lui, rien n’est possible. Jésus le Galiléen est toujours là, vivant et agissant au cœur de son Église. Il est la Lumière pour éclairer toutes les nations. Nous pouvons toujours compter sur lui. Rien ne peut nous séparer de son amour.

Suivre Jésus, ce n’est pas s’enfermer dans un système religieux en se disant qu’on a toujours fait ainsi. Quand il nous appelle, nous devons savoir qu’il nous conduira sur des chemins que nous n’avions pas prévus. C’est en nous rapprochant de lui que nous apprendrons à voir les autres comme des frères. C’est l’appel que nous lance l’apôtre saint Paul à l’occasion de cette semaine de prière pour l’unité des chrétiens. S’adressant à la communauté de Corinthe, il leur rappelle que les rivalités missionnaires sont sans intérêt : il n’y a qu’un seul Seigneur qui envoie Apollos, Paul et Pierre. Les divisions entre chrétiens restent toujours un contre-témoignage.

En ce dimanche, nous entendons l’appel du Christ. Il continue à vouloir sauver ceux qui vont à leur perte. Il nous envoie vers ceux qui ne rentrent pas dans nos églises, ceux qui n’appartiennent pas à nos familles spirituelles, ceux qui, apparemment, vivent dans les ténèbres. Son regard sur la Galilée des nations et les pêcheurs du lac était plein de miséricorde. Il compte sur nous pour avoir le même regard que lui sur le monde d’aujourd’hui. La qualité de notre regard reflète celle de notre foi. Nous n’avons pas à douter de l’attachement de Jésus à chaque être humain. C’est avec lui que nous deviendrons pêcheurs d’hommes.

En nous rassemblant à l’église en ce dimanche, nous venons puiser à la source de l’Amour qui est en Dieu. Nous nous nourrissons de sa Parole et de son Eucharistie. Nous lui demandons qu’il nous donne la force et le courage pour la mission qu’il nous confie : “Toi qui es la Lumière du monde, toi qui es l’amour, mets en nos ténèbres ton Esprit d’amour.”

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Sources : Revues Feu Nouveau, Fiches dominicales – Les cahiers Prions en Église – Homélies de l’année liturgique À (Simon Faivre) –

Prière universelle
Introduction
Chers frères et sœurs, d’un seul cœur, tournons-nous vers le Christ notre Seigneur au Nom duquel nous avons tous été baptisés.

Intentions
– Nous te prions pour les évêques, successeurs des apôtres que tu t’es choisis, et pour tous les pasteurs de nos Églises. Qu’ils mettent tous leurs soins à conduire ton peuple sur le chemin de l’unité.

– Que ton Esprit Saint visite en ces jours tous ceux qui ont été baptisés en toi, afin que chacun cherche l’harmonie de pensées et de sentiments pour aller au-delà de nos divisions.

– Prends pitié de tous les peuples païens à qui ton Évangile n’est pas encore parvenu. Suscite parmi nous des prédicateurs de ton Royaume, et ouvre leurs cœurs à ta Bonne Nouvelle.

– Vois nos maladies et nos infirmités physiques, psychologiques et spirituelles. Vois les jougs qui pèsent sur les épaules de bien des innocents. Viens à notre secours, guéris-nous et délivre-nous.

– Par cette Eucharistie, viens ouvrir nos cœurs et nos mains afin que, par notre charité, la joie de t’appartenir se manifeste à tous ceux qui nous approchent.

Conclusion
Seigneur Jésus, toi qui as été crucifié pour nous, ne repousse pas la prière que nous t’adressons d’un seul cœur. Agis pour nous selon ton amour, car tu règnes pour les siècles des siècles.